Aujourd’hui, j’ai décidé de barber le monde tranquille…
L’anthropomorphisme consiste à prêter des caractères humains aux animaux, aux choses et à Dieu.
Voilà la définition de ce terme épouvantable pour le commun des mortel, que l’on peut trouver dans tous les dictionnaires.
Commun des mortels qui compose le plus gros contingent d’anthropomorphistes.
Il pratique couramment l’anthropomorphisme sans le savoir.
Cette notion touche toute personne qui tente d’expliquer un phénomène physique, un comportement animal par des approches égocentriques, sans aller plus loin que ses sentiments et sa vision « humaine » des choses.
C’est une vision assez répandue depuis les paréidolies jusqu’à l’idée de Dieu.
Devant un phénomène méconnu, on présume puis on assume.
On assure une explication totalement incertaine ou fausse, par manque de savoir et d’analyse objective, On privilégie l’impression personnelle. On croit savoir, sans savoir qu’on croit.
On affirme l’incertitude en croyant afficher la certitude.
On fait l’économie d’une observation approfondie et sérieuse, c’est plus simple et plus rapide.
Il n’y a de science que du caché disait Gaston Bachelard devenu philosophe sur le tard.
Il avait défini l’esprit scientifique avec ce célèbre aphorisme :
« L’esprit scientifique doit se former contre ce qui est en nous et hors de nous, l’impulsion et l’instruction de la nature. »
Ce condensé est riche d’une analyse très poussée et mérite d’être décortiqué pour une compréhension plus aisée.
Si l’esprit scientifique « doit se former », c’est qu’il n’est pas inné, il faudra le construire par une double lutte.
La lutte contre l’impulsion de la nature qui est en chaque être, c’est à dire ses sentiments, ses pulsions, ses raccourcis, ses approximations, son égocentrisme et donc sa vision à travers le filtre humain dont il faut se débarrasser pour approcher la connaissance des faits et des lois scientifiques.
La lutte contre l’instruction de la nature, c’est à dire le spectacle trompeur qu’elle en donne. Un corps qui respire, un clou qui rouille ou une bougie qui brûle répondent à la même loi de l’oxydation lente ou rapide. Trois phénomènes régis par la même loi scientifique, trois spectacles différents, dont la similitude est impossible à deviner de prime abord.
Parvenir à cet esprit détaché des contingences personnelles n’est pas gagné d’avance, il faut la volonté de s’en détacher et cela n’est donné qu’à des scientifiques chercheurs ou à quelques amateurs éclairés.
Très longtemps, j’ai fonctionné sur ce mode qui fait la part belle à l’esprit rationnel et puis prenant de l’âge, j’ai glissé vers plus de légèreté devenant un pratiquant objectif de l’anthropomorphisme.
Objectif, semble en contraction avec l’attitude pseudo scientifique mais je veux dire par là que je pratique en connaissance de cause. Je suis conscient de la gambade et je m’en amuse. A aucun moment je ne suis dupe sachant que je peux à tout instant inverser les choses.
Entre sérieux et amusement, je sais faire la part de mon état du moment. C’est la raison pour laquelle mes d’élucubrations ne sont que voyage au deuxième degré.
Avec la vulgarisation des connaissances scientifiques, même les diffuseurs censés faire partie de la minorité initiée, s’adonnent à la pratique de l’anthropomorphisme déguisé. Presque à peine visible.
En voici un exemple : Souvenez-vous de l’explication du mode de vie d’un clytre qui ressemble à une coccinelle. (Bestioles de nos jardins. – Le cours de la vie)
« A l’éclosion, les larves s’abriteront dans ces coques pour se développer. Leur évolution s’étalera sur deux années, lors desquelles elles s’alimenteront des carcasses d’insectes ramenées par les fourmis des bois, ou de leur œufs et larves. Elles agrandiront leur coquille de protection au fur et à mesure de leur croissance. La nymphose s’effectuera à l’abri des cocons qui seront scellés à cette occasion.
Mais le parasitisme de ces insectes atteint des sommets d’ingéniosité. En effet, en rajoutant les divers matériaux qu’elles fixent à l’aide de leur salive pour agrandir leur logement, les larves prennent soin de laisser des aspérités rugueuses sur la partie externe de la coque, afin de permettre aux fourmis de les transporter lors des déménagements de la colonie. Elles sont ainsi assurées de ne jamais manquer de nourriture... » Futura.
Le premier paragraphe ne souffre d’aucune déviation anthropomorphique majeure, en revanche le deuxième dérive fortement :
« sommets d’ingéniosité« , « pour agrandir leur logement« , « prennent soin de laisser des aspérités rugueuses », « afin de permettre aux fourmis de transporter…« , « Elles sont ainsi assurées…«
Cette partie est farcie de fausses explications qui donnent l’impression que tout cela est intentionnel alors qu’il s’agit de comportements réflexes, innés, propres à l’espèce.
Comment un clytre qui n’a effectué aucun apprentissage peut-il savoir qu’il doit laisser des aspérités pour que les fourmis puissent se servir d’un Clark ? Les clytres ont-ils une conscience de l’avenir de leurs œufs ?
Une capacité à se projeter dans le futur ?
Avec ce genre de vulgarisation, on renforce l’apprenant dans ses habitudes égocentriques…
Il y a bien une infinité d’exemples de ce genre, j’évite ceux qui touchent à la croyance qui sont légion en même temps que religion…
Les recherches actuelles sur la croissance des arbres avec des moyens très pointus – informatique, scanners notamment – montrent que les végétaux présentent des sensibilités aux éléments, aux nutriments, aux symbioses avec les champignons.
Ces observations incitent les scientifiques à utiliser un langage très proche de la sensibilité humaine, on parle d’intelligence, il ne manque que la parole et les plaintes audibles… Peut-être un jour, sans doute encore lointain car les recherches durent des décennies, le langage scientifique engloutira l’anthropomorphisme et le rendra désuet lorsque des similitudes très marquées avec les humains seront mises à jour…
L’avenir nous le dira mais je ne serai plus de ce monde pour m’en réjouir.
Notre cerveau est ainsi fait qu’il doit trouver une explication à tout, cependant il rare que l’on croit à une paréidolie, même les petits enfants savent très bien que le nuage en forme de petit lapin n’est pas un petit lapin 😉
J’aime toujours autant cette tête d’Indien qui veille !
🙂
Bon samedi Al 😉
l’antropomorphisme , je ne maîtrise pas la notion……. par contre la paréidolie, je pratique outrancièrement 😀 Bon dimanche Simon
🙂
Bon dimanche Gybu !