Atmosphère.
J’avais rendu visite à Catherine dans notre cher quartier au fond de Levie, je bavardais, je bavardais…
La tombée de la nuit était déjà amorcée, je ne l’avais pas vue arriver.
La brume floutait la Navaggia, l’idée m’est venue de lambiner sur le chemin du retour.
J’avais mon compact de poche, toujours prêt à rendre service.
Il fait ce qu’il peut mais compense assez bien le manque de lumière.
Il peine dans certaines conditions et semble me dire :
– Tu exagères ! Tu me demandes des choses impossibles, des performances qui ne sont pas à ma portée.
– T’inquiète ! Lui réponds-je, fais ton possible, je m’occupe du reste !
Secrètement, sans l’affoler ou le décourager, je m’inquiète, je redoute qu’il rende l’âme un de ces quatre matins.
Il affiche quelques centaines de milliers de clics au compteur, il commence à fatiguer sérieusement.
Je vois bien qu’il rame, qu’il hésite à lâcher un clic lorsque la luminosité lui parait insuffisante. Il se bloque, regimbe, rechigne à se livrer.
J’insiste puis dans une dernière résistance, il finit par libérer un clic poussif, trop lent et trop long. Il prend son temps. Je m’efforce de ne point bouger pour limiter la cata, mais est-ce vraiment possible ?
Nous vieillissons ensemble, s’il rend son dernier souffle avant moi, je le garderai sur mon bureau, je le soupèserai de temps en temps pour me souvenir, c’est du bon matériel, du costaud, du tout métal comme on n’en fait presque plus. Je ferai mine de cliquer en visant l’aquarelle sur le mur. On ne l’a jamais visée celle-là, je ferai semblant en espérant que dans un improbable dernier souffle, il se mette à cliquer encore une fois.
Je rêve. C’est en rêvant que l’on parvient à donner vie à ce qui ne vit plus.
Je le saluerai aussi, chaque matin, en m’asseyant devant son autel, je me souviendrai de nos beaux jours, de nos sorties inopinées, de ces images volées au hasard d’une rencontre imprévue.
Il était fier de quitter ma poche pour me livrer un cliché inattendu, une de ces photos qui vous interpellent sur une émotion, une vision soudaine qui échappe au passant qui flâne.
Ah cher compère ! Sur le catalogue on t’appelait le S120 de chez Canon, tu as fait ton temps, tu as quitté l’affiche, tu n’es plus que d’occasion.
Je t’appelle mon p’tit bijou, mon p’tit secret, mon p’tit invisible, mon p’tit disponible à tout moment.
Tiens bon, je veillerai à ne pas trop te fatiguer, nous avons encore bien des histoires à nous raconter dont nous seuls avons la faculté d’inventer ensemble…
Voilà ce que tu as été capable de m’offrir ce soir en rentrant à la maison, j’ai bien aimé et tu t’es assoupi.
Demain, nous partirons en promenade, une autre aventure que nous ignorons, nous attend.
Nous prendrons notre temps…
Le petit plus de la nuit.
La première avec sa touche de lumière qui dégouline sur les pierres est une merveille, ainsi que les dernières avec un beau contraste. Le petit compact fait encore du beau boulot !
Si vous le ménagez, à vous deux vous ferez encore de la magie 🙂
C’est en voyant, par avance, la première que tout a suivi.
J’ai lambiné pour détecter des angles mais c’est vrai qu’il ramait, je l’ai pas mal encouragé.
Bon dimanche Al 🙂
il est peut être fatigué mais il fait bien son boulot ! j’adore les photos dans la brume qui évoquent pour moi les forêts du Grand Meaulnes ou de Brocéliande ! Belle semaine à venir 🙂
Je viens de faire une bonne récolte en compagnie du p’tit bijou, dont une rencontre surprenante.
Bonne semaine aussi.