Bestioles de nos jardins.

Le tout internet, obligeant à rester scotché devant un écran, une grande partie de la journée, engendre inévitablement un lot d’effets pervers souvent sévères. Notamment à l’endroit de jeunes enfants qui en perdent le sens du réel par une accoutumance au tout dirigé parfois prédigéré. Ils perdent le sens de l’observation in vivo, de l’esprit scientifique et plus grave encore, le simple bon sens commun.
Certes, internet a ses côtés positifs aussi, à la condition d’en user avec circonspection et modération, en gardant du recul mais le recul n’est possible que si l’on a déjà une certaine expérience de l’empirisme ou du rationnel, ce qui n’est quasiment jamais le cas pour des enfants nés dans un « zoo » et non dans leur milieu naturel, la brousse.
Leur première expérience est celle de la toile internet et non celle d’une toile araignée.

On découvre tous les jours.
Combien de fois ai-je parcouru les simples alentours de ma maison et fait des découvertes quasiment journalières ?

Les coccinelles que l’on connait à peu près sous toutes les coutures ne me lassent jamais.
Je dois posséder plus d’un millier de clichés les concernant. Il m’arrive de rester plus d’une heure, couché au sol pour les observer sur un rocher ou sur une plante.
Voici juste quelques images qui vous sembleront d’une banalité affligeante. Pour éviter cette impression, j’ai pratiqué l’anthropomorphisme en ajoutant des légendes douteuses.

Quelle idée de jouer au toboggan !
Elle cherche fortune dans les monnaies du pape.
Elle semble avoir trouvé le passage pour accéder à la menue monnaie.
Elle fait une halte sur le plantin pour lui chercher des poux, pardon, des pucerons sur le crâne !
La brume s’est installée, elle allume les antibrouillards.
Voici une juvénile.
Une larve prise en flagrant délit de « grande bouffe » dans une réserve de pucerons.

Et puis parfois, intervient une surprise.
Ma petite fille de 4 ans, à l’époque, m’appelle « Missiau vient voir une coccinelle ! »

Son corps est allongé en forme de gélule.
C’est un clytre, sans doute un quadripunctata (quatre points).
Le clytre des saules a des points beaucoup plus gros.
Avec ces bestioles-là, si vous n’avez la planche de l’espèce sous les yeux et que vous êtes un simple profane vous avez toutes les chances du monde de dire des bêtises.
Alors je vais arrêter là, de jouer au faux savant 😉
Ici, c’est plus net, il semble avoir deux points de plus, un sur chaque « épaule ».
Je ne suis plus certain d’être en présence d’un quadri mais d’un sexti qui n’existe pas.

Contrairement aux coccinelles, les clytres ne se nourrissent pas de pucerons mais sont phytophages, elles aiment les feuilles tendres.

Cette bestiole secrète qui se prend presque pour une bête à bon dieu est myrmécophile c’est à dire qu’elle vit au contact de fourmis et fréquente les fourmilières pour les raisons que vous découvrirez en lisant l’extrait qui suit.

Plutôt que jouer au savant voici un extrait tiré de Futura Planète.
Des entomologistes nous expliquent ce qu’ils ont découvert sur le terrain en observant le mode de vie des insectes :

« Après l’accouplement, la femelle s’envole pour trouver un nid de fourmis rousses dans lequel elle s’infiltre au grand dam des résidentes. Attaquée par les hyménoptères, elle rétracte ses appendices afin de ne laisser aucune prise aux mandibules des assaillantes. Au bout d’un moment, lassées, les ouvrières la délaissent. Le coléoptère s’imprégnera graduellement de l’odeur de la fourmilière, et sera finalement toléré par ses hôtesses forcées. Elle pourra alors pondre ses œufs qu’elle protègera en confectionnant des cocons robustes avec ses propres déjections.

A l’éclosion, les larves s’abriteront dans ces coques pour se développer. Leur évolution s’étalera sur deux années, lors desquelles elles s’alimenteront des carcasses d’insectes ramenées par les fourmis des bois, ou de leur œufs et larves. Elles agrandiront leur coquille de protection au fur et à mesure de leur croissance. La nymphose s’effectuera à l’abri des cocons qui seront scellés à cette occasion.

Mais le parasitisme de ces insectes atteint des sommets d’ingéniosité. En effet, en rajoutant les divers matériaux qu’elles fixent à l’aide de leur salive pour agrandir leur logement, les larves prennent soin de laisser des aspérités rugueuses sur la partie externe de la coque, afin de permettre aux fourmis de les transporter lors des déménagements de la colonie. Elles sont ainsi assurées de ne jamais manquer de nourriture... » Extrait de Futura Planète.

Je vais poursuivre dans cette voie et de temps en temps, je viendrai vous décrire une bestiole qui vit sous votre nez et présente une originalité que vous ne soupçonnez pas.

Bon dimanche.

5 Comments

  1. Passionnant et les images n’ont rien de banal car elles sont belles.
    Encore Simonu !
    Bon dimanche 🙂

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *