Je n’étais jamais passé ici juste avant la tombée de la nuit.
Je voulais voir l’avancée du crépuscule sous les aulnes, l’obscurité au-dessus du ru.
La rivière s’assoupissait, déjà ralentie dans sa course malgré les pluies de la veille.
Le lit ressemblait à un long cortège de pierre roulées, arrondies par les sautes d’humeur d’un ruisseau tantôt impétueux, tantôt guilleret, parfois presque endormi.
On aurait dit des coussins abandonnés çà et là sur les rives, après une bataille de polochons.
Quand l’onde lambine et s’affaiblit, à la nuit tombante, sans un bruit, tout n’est plus que tristesse au fil de l’onde qui voulait se faire filet mignon.
Lugubre endroit obscur où plus rien n’est mignon avec ou sans lumignon.
En venant visiter la « sombritude » du moment, j’ai vu le lugubre d’outre tombe qui m’attend..
En cette saison, à ce moment de la journée, on devine dans le glauque de l’eau d’ici, la froideur de l’au-delà.