De l’épistolaire au pistolet.

Image en titre : Portrait d’une coquille d’œuf de poule rousse.

Il faut vivre avec son temps. Certes.

Les éditions l’ont compris et proposent des ouvrages en version numérisée mais cela ne durera qu’un temps assez réduit. Cette nouvelle mode, comme toutes les modes, passera très vite.
Les lecteurs sont en voie de disparition et les livres sont à bout de souffle, c’est dans la logique des choses, qu’en adviendra-t-il des écrivains et écrivants de tout poil ?

Naguère, la communication épistolaire faisait fonction de petite littérature, parfois de littérature. A l’usage, les communicants s’exerçaient à l’écriture, naturellement, à force d’encre et de plume, en instaurant avec leurs correspondants une communication écrite suivie.
Les sentiments se couchaient dans les lignes, entre les lignes, dans la fluidité de la pensée.
L’évocation devenait visuelle, presque tactile.
Les phrases ordinaires se muaient en vers et rimes insérés au cœur de la prose, une musique induite enchantait les lettres.
Le lecteur ainsi bercé de mots légers et harmonieux, de mots qui touchent en faisant mouche avec une élégance accrue, affinée au fil des courriers. L’exercice cent fois reconduit, cent fois pratiqué, cent fois amélioré, opérait naturellement
La carte postale engendra la concision, le mot instantané, le mot pressé de celui qui n’a plus le temps.
Puis vinrent les mails accordéons, du plus bref au plus étoffé.
Quasiment tout un chacun possède une adresse mail, quasiment tous ne lisent plus ces messages ou le font très tard parce qu’ils n’ont plus le temps pour ce genre de communication.
Il y a nettement plus instantané.
Aujourd’hui, le mail est en voie de raréfaction, le SMS, le message super concis, le bref, le stylisé, le phonétique, l’idéogramme, éclosent de manière totalitaire.

Nous sommes passés de l’épistolaire au coup de pistolet : Pan ! Coucou !

Est-ce un stade final ou allons nous vers une version muette et invisible ?
L’intelligence Artificielle nous concocte-t-elle, en secret, une version que l’on n’imagine pas encore ?
L’avenir nous le dira…
Ainsi va la vie, mais jusqu’où ira-t-elle ?

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