Un sourire de façade n’est pas un sourire heureux.
La façade est ce que l’on voit en premier d’une maison et nous donne une idée de l’intérieur.
Pas sûr !
Le plus souvent, certes, mais pas toujours.
Ce n’est pas évident, car beaux ravalements et jolis crépis peuvent annoncer bon présage comme cacher la misère des cœurs. Des extérieurs qui suscitent l’admiration et ignorent l’âme malade. Le prime abord n’est qu’impression hasardeuse ou fallacieuse, lorsqu’il s’agit de l’être humain.
Les histoires humaines sont compliquées, tout le monde ne possède pas la faculté d’absorption, suffisante pour trouver la paix de l’âme même parvenu à quelques pas seulement du grand voyage.
Combien de visages refaits, de mines réjouies, de magnifiques 4X4 comme signe de richesse extérieure camouflent une torture intérieure, un mal-être, plus qu’un bonheur affiché, seulement affiché ?
Combien d’histoires ont été mal digérées, jamais assimilées ?
Combien de coups que l’on a connus tordus restent douloureux et tuméfient encore le secret d’une vie d’apparence joyeuse ?
Il y a sans doute de quoi user plus d’un psychothérapeute, de décourager plus d’un médecin de l’âme et quelques anges aussi.
C’est au coin d’une conversation anodine, à la suite d’un mot pointu qui se fiche dans la blessure pour la raviver sur le champ, que tout un intérieur masqué par un crépi lumineux se livre dans un état délabré. Les vieilles cicatrices s’ouvrent facilement et saignent encore plus vivement que par le passé, du temps où l’on ne comprenait pas trop, en subissant les aléas de la vie. C’était le moment actif de la mise en douleur et aujourd’hui est celui du constat qui produit des répliques, cruelles parfois.
L’analyse capable d’apaiser des maux que l’on cherche à panser depuis longtemps, n’est pas la plus aisée à conduire et à réaliser.
Le mal-être et le malaise se sont installés puis se sont revêtus d’un tas de jolies choses, objets de camouflage.
Ces belles choses qui font dire « Tu as vu comme il (elle) est bien, comme il a réussi… »
Des mots qui caressent et endorment les petits volcans. Ces feux qui couvent, ces cratères qui sommeillent et crachoteront des flammes, des laves incandescentes, un jour ou l’autre.
J’ai vu, j’ai entendu des âmes endolories, profondément marquées, que certains pensaient secourir avec des mamours, apaiser avec des bonnes intentions, toujours vaines dans ces cas-là. Si la bienveillance et l’écoute amicale suffisaient à supprimer la furie ravageuse des cendres redevenues vives, on n’aurait plus besoin de se cacher derrière des façades trompeuses.
Je m’étonne encore, alors que je ne devrais plus, de rencontrer des personnalités fragilisées par une fêlure ancienne. Parfois une fêlure légère capable de se propager à tout l’être pour le fissurer profondément. Des vies secrètes à fabriquer des nuits blanches, à ruminer du vide que l’on croit plein à craquer, à s’exploser le cerveau sans qu’aucune once d’apaisement durable ne survienne au bout de la nuit.
Les périodes de calme ne sont qu’épisodes de repos, de survie, avant les nouvelles éruptions.
Tristes vies qui ne connaissent jamais la paix et puis s’en vont dans un beau cercueil de façade aussi. Un monde apaisé et sincère compose le cortège funèbre sans avoir jamais perçu le moindre frémissement de mal-être… c’est bien le propre des façades que de masquer les plus terribles sentiments.
J’ai vu des façades masquer des vies malades, des beaux murs abriter des secrets douloureux… des êtres fragiles cachés, s’afficher aux murs du paraître.
Et pourtant nous sommes toujours au bout du voyage,
demain n’existe pas,
l’homme croit aux lendemains qui chantent en oubliant de chanter au présent…
Pourquoi est-il si difficile de faire tomber des masques ?
Peut-être a-t-on la peau dure et l’orgueil qui flotte au vent…
Un jour j’étais heureux, je crois que je le suis encore.
Si les vieux murs pouvaient parler……… ce serait souvent insoutenable je pense. Il faut juste les imaginer au début de leur existence, avant qu’ils n’aient été pollués par les humains à la dérive….
Je suis retournée il y a peu dans la rue de mon enfance à Marseille, et suis allée voir, en passant sous un vieux porche, la fenêtre de ma chambre. Quand j’ai vu cette vieille façade noircie et peu entretenue (euphémisme) j’en ai eu les larmes aux yeux…. Peu-être s’est-elle sentie abandonnée cette vieille maison qui datait du temps des voitures à chevaux (notre salle à manger était l’ancien grenier à foin et l’habitation du rez-de-chaussée avait remplacé d’anciennes écuries).
Bonne semaine Simonù
Merci, bonne semaine Gibu !
Des façades comme sur vos photos, c’est comme ça que je les aimes, avec les rides de leur histoire, sans complexes 🙂
🙂