Chiara si n’hè andata.

La Navaggia de mon enfance s’était déjà vidée de ses plus fidèles résidents, cela ne date pas d’aujourd’hui.
Le quartier garde au-dessus des toits, le souvenir d’Angèle, Denise, Marco, Zi Ghjuvani Bascheri, Zi Mercu, Zi Jean Paulu, Za Battina, Zi Silviu, Rosalie, Luisa, Za Maria, u so maritu Z’Andria Andréani et d’André notre cher voisin qui veillait sur mes grands-parents.
Chi mondu c’era !
Le quartier était vivant et je ne parle que de la basse Navaggia, sans évoquer Piazza di Cuddu, qui à l’époque était encore un autre voisinage très peuplé, à trente ou quarante mètres seulement de la partie basse.
Claire était notre voisine. Nos portes distantes de deux mètres seulement.
Notre maison familiale, mitoyenne de trois autres habitations est vide depuis belle lurette comme les autres.
Maisons de notre enfance, êtes-vous destinées à effacer nos âmes ?
Etes-vous condamnées à nier notre passé, notre proximité, notre solidarité, nos sourires de naguère ?
Nous vivions heureux malgré les griffures de la vie, les moments parfois difficiles qui pouvaient naitre d’une trop grande proximité. Je n’ai retenu que le meilleur.
Je me souviens d’Anghjulu ton père, de Bitti et Petru tes frères qui vivaient sur place.
C’est toute mon enfance qui refait surface aujourd’hui.
Tu étais une femme amoureuse des plantes, il y en avait partout devant ta porte et tu les bichonnais tous les jours.

Claire, le grand âge t’a emportée, c’est dans la nature des choses, il faut partir un jour.
Sache que tes voisins ne t’oublieront pas, je garde de bons souvenirs de cet autre temps…
A tous les tiens, je présente mes sincères condoléances.
J’imagine que tu es déjà très loin au-dessus des étoiles et contemple désormais ta chère Navaggia devenue désert…