Philosopher dans le vide fait passer le temps.
Certains vous diront, même sans cogiter, il passe quand même.
Ce n’est pas tout à fait la même chose surtout lorsqu’on a l’impression d’avoir bien pensé. Il passe plus joliment, il nous fait plaisir. « Je pense donc je suis », celui qui pense sait qu’il existe même lorsqu’il pense pour douter ou ne rien dire… Bref !
Les brèves de comptoir constituent une mine de pensées, le plus souvent spontanées alors que d’autres mettent des années pour fabriquer un aphorisme. Lorsqu’on commence à cuver quelques verres de rosé ou de blanc doux, de pastaga en saison estivale, l’esprit est suffisamment alambiqué pour faire perler quelques trouvailles bien troussées, des paroles bien senties.
Par exemple, je lisais :
« Fermer les volets et baisser le store ce n’est pas pareil. »
Apparemment, seul l’effet est le même. C’est un peu comme à l’Assemblée lorsque la droite et le parti communiste votaient contre un projet de loi mais pas pour les mêmes raisons. La différence est qu’au bar cela parait farfelu et au Palais Bourbon c’est très sérieux. Comme quoi on est farci de préjugés.
Je lisais également « Lorsque tu allumes les phares, la vitesse de la lumière ne va pas plus vite que la voiture » Le sens de la relativité se niche partout et se densifie dès le troisième ou quatrième canon. Et dire que souvent ces gens bourrés d’idées et de trouvailles philosophiques ont glandé durant toute leur scolarité. Peut-être ont-ils fait ce qu’ils ont « pouvu » comme disait un de mes élèves.
Et puis chemin lisant, je suis tombé sur une sentence de premier choix :
« En général, on dit ‘Bref’ quand on a fait chier le monde pendant une heure ».
C’est plutôt bien vu.
Quel philosophe digne de ce nom aurait osé ce raccourci ?
Ceci mène tout droit à la question essentielle que voici :
Le quidam philosophe est-il moins philosophe qu’un philosophe déclaré ?
« Bref ! » constitue une sorte de guillotine de la pensée. Elle y met un terme lorsqu’elle s’éternise, devient lassante ou n’est plus convenable. Un couperet qui tranche pour passer à autre chose.
Voyez, entre deux phrases, ce matin je cuisinais.
J’étais en train d’accommoder des restes.
En général c’est pour gagner du temps. Bien non ! J’y pensais à l’instant avec cet autre raccourci : Cuisiner les restes ou l’art de perdre encore du temps avec du réchauffé ! L’art de remettre au départ ce qui était déjà à l’arrivée. Ça n’en finit plus, les brèves de comptoir font des émules !
J’avais un reste de sauce tomate, un reste de confit de canard et un reste de purée. La veille c’était jour du Seigneur, donc plus copieux.
J’ai préparé une fondue d’oignon, une compotée si vous préférez. J’ai mélangé avec la sauce. J’ai réalisé une écrasée de haricots blancs déjà cuits puis émietté les cuisses du volatile confit. Dans le fond d’une terrine, j’ai étalé le peu de purée de pomme de terre en la recouvrant de sauce. J’ai dispersé les miettes de viande par-dessus puis recouvert l’ensemble de purée de haricots pour finir avec le reste de sauce. En attendant, avant de gratiner un peu au four, je me tâtais pour savoir si je mettais aussi une ou deux poignées de parmesan râpé. J’avais le temps, il était neuf heures trente, je pensais me décider au dernier moment.
Sachez que la sauce évite de trop dessécher le plat lors du « gratinage ». J’ai même failli ajouter quelques raisins secs dans la purée et puis j’ai renoncé.
Entre écriture et cuisine à étapes multiples, je n’avais pas vu le temps passer. C’est une bonne manière de reposer l’esprit tout en le gardant en éveil mode relax.
Midi était encore loin et mine de rien, je vous ai fourgué une recette de cuisine…
Bref ! Je ne vais pas vous ennuyer davantage !


Et des réserves de figues pour Noël.
la pluie a sauvé la saison car cela s’annonçait très mal…
On voit que penser creuse l’appétit parce que de la purée de patate avec de la purée de haricots blancs dans le même plat, faut avoir trèèèès faim 😉 surtout avec le temps qu’il fait.
Bon app’ Simonu 🙂
Ce n’est pas d’aujourd’hui Al, mais un souvenir et les terrines étaient des terrines individuelles de moins d’un quart de litre.
Seules les images sont d’hier, je ne savais comment les présenter, alors j’ai bavardé !
C’est très bon et réservé à qui épicure et dure… 🙂