L’affaire de l’œuf Kinder.

Une affaire que j’avais oublié de narrer dans ses moindres détails.
Je rétablis cet oubli.

« En passant la frontière, sa voiture est contrôlée. Les agents tombent alors sur un Kinder Surprise. Ils menacent Linda Bird d’une amende de 300 dollars et lui confisquent son œuf. Quelques jours plus tard, la jeune femme reçoit une lettre de sept pages du gouvernement américain pour qu’elle donne son autorisation de détruire l’œuf. Si elle refuse d’obtempérer, elle devra payer 250 dollars pour que l’œuf soit conservé le temps du procès. »

On ne plaisante pas avec le danger potentiel d’un œuf Kinder. Tel un terroriste infiltré sur le territoire américain, il peut à tout moment étouffer un enfant susceptible d’avaler le jouet caché sous la coquille chocolatée. Le danger de mort est omniprésent, la vie ordinaire devient plus risquée avec le Kinder.

La nature est un risque permanent. Un noyau, la mie de pain, peuvent étouffer en quelques secondes le plus glouton des gamins. Le feu qui brûle, l’eau qui noie, le vent qui emporte, l’air qui suffoque, bref le mal guette au coin de tout ce qui respire.
Aux Etats Unis on ne badine pas avec la vie « ronronnante », cruellement mortelle. Peut-être qu’en mettant chaque individu sous cloche, parviendront-ils à limiter les dégâts, à condition que chaque bulle réponde bien aux normes de sécurité en vigueur.

Linda Bird, citée plus haut, s’en souviendra. En s’acquittant de son amende pour aller jusqu’au procès, elle pourra sans doute se retourner contre la justice américaine si son œuf conservé dans de mauvaises conditions de température venait à fondre ou se détériorer quelque peu.
Pousser l’absurde à son paroxysme ne gêne personne, c’est dans l’air du temps.
Les plaideurs et les faiseurs de lois s’affrontent avec le plus grand sérieux comme les enfants de maternelle jouent à la maîtresse ou au docteur.

On n’a toujours pas résolu l’histoire de l’œuf et de la poule, résoudra-t-on celui du Kinder potentiellement assassin ?

Donner la vie c’est parapher un avis de mort. Il ne reste plus qu’à placer chaque couple, désireux de procréer, face à ses responsabilités : signer l’acte de conscience de mise en péril de l’individu qu’il s’apprête à mettre au monde.
Pas commode de légiférer en toute lecture simplifiée, avouez !

Avec cette reconnaissance de danger, à l’ombre des lois bien senties, les Kinder pourront de nouveau voyager jusqu’en Amérique et continuer à concurrencer le chewing-gum… puis étouffer sereinement en toute connaissance de cause proclamée.
Un Kinder désormais sans surprise.
L’œuf valait bien sept pages de mise en garde, faudra-t-il en écrire autant pour les noyaux d’olives ou de cerises ?
On songe déjà à punir le céleste garde des seaux qui nous balance des grêlons trop gros lorsqu’il s’amuse à faire orages.
L’alerte est lancée.

On s’en doutait, la vie est un danger permanent.
Heureusement, l’histoire d’un Kinder menaçant procure quelques moments de détente. La mort pourrait survenir dans l’hilarité générale.
Ce monde devenu fou n’est plus avare d’absurdités.

Et dire qu’il faut être élu pour légiférer des bêtises…
Quoi ? De Cambrai ?
Mais non, qu’est que tu racontes ? Des bêtises ordinaires !

Moralité : Cette histoire vraie, racontée à deuxième degré vaut bien un Kinder, sans doute.

Pour ne pas quitter ce blog sur une note oisive, apprenez que cette abeille est une Amegilla.
C’est une abeille sauvage et solitaire, elle vit dans un terrier, ne produit pas de miel mais elle butine.
Elle avoue qu’elle n’aime pas le Kinder et préfère courir les inflorescences d’un lantana.

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