Le syndrome du touriste.

Probablement, si vous avez un jardin, l’avez vous déjà constaté.
Lorsque les gens vivent à la ville et demandent à voir votre jardin, méfiez vous.
Ils viennent en short et claquettes, en dilettante, c’est leur métier.
Je ne sais pas chez vous, mais chez moi, dans mon jardin pentu, c’est risqué.
Plus d’un se sont retrouvés les quatre fers en l’air à la suite d’une glissade sur l’herbe sèche, genou ou tibia amochés bien plus que râpés.
Je préviens toujours de ce possible vol plané, rien n’y fait, ils répondent généralement :
« Eh, quand même ! Je suis entrainé à la marche ! »
A peine la phrase finie, c’est la catastrophe…

Une descente risquée après minuit…

Ils ne savent pas les pièges du jardin. Je suis toujours sur le qui vive « Attention à droite, attention à gauche ! » Et paf, le plant de courgette est fichu, écrasé inopinément. Bref, j’évite de faire visiter l’endroit de mon labeur car en deux secondes vous pouvez perdre des plantes que vous avez bichonnées pendant trois mois.
Un touriste, ça touriste, c’est regardant mais pas sur ces choses-là.
Une demeure ancienne, une vielle porte ça va, il sort son Kodak et clic clic !
Les plantes potagères ce n’est pas trop son truc. Il ne potage pas mais achète des soupes en boîte ou en brique, il tend le bras dans le rayon et ne sait pas combien la terre est basse.

Un jour de mai, je vois débarquer deux personnes dans mon endroit totalement désert à cette époque. Je pensais à deux randonneurs égarés. Que nenni ! Ils venaient me voir sur recommandation d’amis communs.
Je n’aime pas être dérangé par surprise, je faisais presque la gueule. Bon, il faisait beau le crépuscule s’annonçait, c’était le moment de proposer un apéro. Je suis plutôt généreux d’ordinaire, la sympathie grandissait… Et si on dînait ensemble ?
Je ne l’ai pas répété, la dame sans doute dopée au Casanis était partante plutôt deux fois qu’une. Et la voilà partie chercher ses girolles fraîchement cueillies.
Elle a cuisiné avec moi, très active, enjouée et tout et tout, c’était un moment très agréable. Totalement débridée elle se sentait chez elle, adorable, volontiers partageuse, bref, passons, passons…
Nous avons papoté à table jusqu’à minuit et je ne sais ce qu’il m’a pris à une heure si tardive, j’invite le mari à visiter mon potager. L’homme voyageait déjà dans les jardins du seigneur, trop tard, je venais de réaliser que je lui avais proposé une visite risquée, une visite aux petits pois.

Le gaillard qui frisait le mètre quatre-vingt-dix penchait dangereusement au sommet des escaliers.
Je me tenais derrière lui sur la marche supérieure lorsqu’il se balança d’avant en arrière, il ne tenait plus sur ses pattes, je l’ai rattrapé par le col, il était en train de s’endormir. Il a frisé la correctionnelle en évitant le ravin et pire encore, de s’étaler sur les marches de pierres.

J’ai eu chaud, nous sommes passés à deux doigts de la catastrophe.
Dès leur retour sur le continent, nous eûmes écho de leur belle soirée et de notre accueil chaleureux très apprécié.

Moralité :
Si touriste tu invites à visiter ton jardin, assure toi qu’il tient bien sur ses jambes, que ses tongs sont de bonne facture et surtout ne propose l’apéro qu’après avoir bien fermé ta barrière.

La nuit, l’endroit devient mystérieux.

Le petit plus hibouesque :

Cogito.

2 Comments

  1. Pareil quand on leur dit que non, on ne fait pas le GR20 en tongs et chemisette ou quand la baignade est interdite après un orage. Ils savent, ils ont déjà vu beaucoup plus dangereux mais quand ils reviennent avec des engelures en hélico de secours, ils nous regardent comme si c’était de notre faute.
    Les jardins doivent rester secrets, Simonu 😉

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