Pasta à l’arataschesa.

J’ai tout essayé, Ficapasta, trop connoté « figue », Pastafic ou Pastaficat en prononçant le « t » final, ça fait trop artificiel, trop plastique et même Pastaficaté , trop ridicule, tout cela ne me plaisait pas.
Alors, j’ai nommé cette pasta du nom de l’endroit où je l’ai expérimentée, Aratasca mon p’tit coin de Levie.
Voici donc a Pasta à l’arataschesa.

L’idée m’est venue, un jour, des pâtes à la milanaise.
Quelqu’un m’avait porté un ficateddu de la Castagniccia.
Ficateddu dans notre région, figatellu ailleurs, voire figatelli même lorsqu’il n’y en a qu’un seul et même figatelle pour ceux qui disent n’importe quoi pourvu qu’ils aient leur part.
Dans cette région dite Castagniccia – qui signifie châtaigneraie – et de porcs élevés au milieu des bogues, u ficateddu qui est une charcuterie à base de foie, n’en contient que très peu et parfois pas du tout. Le foie de porc est réservé au pâté.
J’avais eu l’idée de remplacer la viande hachée de bœuf par le contenu d’un ficateddu frais, passant ainsi de milanaise à arataschesa.
Ce fut à la fois une bonne surprise et un régal nustrale, inédit pour moi..

Aujourd’hui, je renouvelle l’expérience avec une confection locale.
Si cela vous tente, il est encore possible de trouver de la ficatelle 😉 c’est bien de saison.
C’est aussi l’occasion rêvée de prendre vos derniers grammes de surpoids pour affronter le froid à venir, avant la décrue pondérale printanière.
Quand les papilles sont à la fête, bien souvent, les poignées qui font le tour des hanches sont à l’amour. L’arrimage est solide, il n’y a plus rien craindre des fortes secousses. Avec l’effort de printemps, il sera possible de faire le beau ou la belle sur les plages estivales lorsque ces bouées de sauvetage auront fondu… un peu.

Voici la marche à suivre :
Videz le contenu d’une moitié de ficateddu – la totalité si vous êtes plus de deux – c’est suffisant pour donner du goût. Faites rissoler deux ou trois échalotes émincées puis introduisez la farce pour la cuire un peu, avant d’ajouter de la purée de tomates en boîte ou en brique au basilic. Laissez réduire à petit feu. Une variante consiste à tronçonner la deuxième moitié di ficateddu et l’ajouter à l’ensemble. C’est plus sympa.

Ne vous inquiétez pas pour la couleur, le rouge vif va s’atténuer à la cuisson.

Cuire les pâtes de votre choix al dente (je préfère les spaghetti), égouttez puis versez-les dans la poêle. Ajoutez un filet d’huile d’olive, du fromage râpé (local et piquant ou parmesan nettement moins goûteux en sachet de râpé) et mélangez avant de servir chaud.

C’est simplissime, rapide et délicieux.

Voilà, c’est prêt !

J’utilise le ficateddu de plusieurs manières.
Par exemple, tronçonné et cuit durant une demi-heure avec un ragoût de sanglier. Il compense avec son peu de gras, le côté sec du sauvage et donne une envolée à l’ensemble. Une sorte de rebond à la dégustation, un ricochet de saveur qui surprend à la mâche des différents morceaux…
Avec les lentilles que je cuis sans matière grasse, celui de la charcuterie suffit largement, de l’ail et du céleri.
Je passe sur le grillé, accompagné de brocciu, d’œuf frit et de pulenta – à la farine de châtaigne chez nous, de maïs en Italie – mondialement connu en Alta Rocca comme on disait naguère, et au-delà de ses frontières

Je constate que vous êtes attentifs, alors je vais vous délivrer un dessert tout aussi basique et simple. Quatre à cinq pommes de variétés différentes (de la fondante à celle qui garde un peu de croquant à la cuisson), deux bananes et du raisin sec mariné dans du rhum s’il n’y a pas d’enfants. Cuire le tout à petit feu avec très peu d’eau.
En fin de cuisson, j’incorpore deux zestes de citrons non traités et j’écarte du feu. Le râpé de citron confit légèrement avec la chaleur de l’ensemble puis se sublime à froid. C’est une compote sans ajout de sucre qui se déguste bien fraîche. Je procède toujours de la même manière avec les fruits de saison et jamais, je n’ajoute de sucre. On peut varier avec de la vanille, de la cannelle ou tout autre parfum. Il me semble que les raisins secs soient incontournables pour améliorer le sucré.

Simplissime et sans chichis !
Si vous voulez en faire, des chichis, libre à vous !

Si l’on devait donner une définition imagée de l’épicurisme et du carpe diem ce serait ce genre de récit.
Il évoque le moment sublimé, la papille en folie, les plaisirs de la vie.
L’imagination en alerte permanente pour ne perdre goutte d’envie.
On occupe l’espace par le mouvement, parfois par le volume, ça court, ça rit, ça aime et puis un jour ça éclate.
Pouf ! Une bulle explose.
Une bulle s’en est allée voir ailleurs si d’autres mondes pétillent aussi.
Là, c’est un mystère, alors je me prends à rêver : je crois qu’on n’a pas fini de bondir et rebondir… c’est facile à imaginer, il est encore temps de cabrioler !

9 Comments

  1. whaou ! j’ai subitement faim ! bonne idée ces pâtes !!! Je me souviens avoir fait une farce de ce genre mais avec du hâché de boeuf à l’époque pour des champignons de Paris. Les queues des champignons étaient mixées et rajoutées à la cuisson de la farce et je remplissais les grosses têtes avant de les passer au four avec un peu d’huile et de chapelure !

  2. Ha c’est mali de me parler de ces merveilles à l’heure où je m’apprête à faire des nouilles à l’eau 😉

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *