Spiritueuse et capiteuse.

Une suite, versant féminin, à « Capiteux et spiritueux ».

Les gènes, disais-je, ont permis à Raoul Ponchon de braver les excès. Ce ne fut pas le cas pour Nina de Villard de Callias (1843-1884), salonnière et poétesse dans le Paris du 19^e siècle.

Elle recevait du beau monde dans son salon : Verlaine, Mallarmé, Zola, Daudet, Berlioz, Wagner… Gambetta, Degas et Edouard Manet qui fit de Nina « La femme aux éventails » et toute une foultitude de personnalités de l’époque.

Ses jours et ses nuits furent chaudes, brûlantes même, puisqu’elle mourra usée par l’alcool et les nuits blanches à 41 ans. Moitié moins de vie que Raoul, peut-être a-t-elle vécu deux fois plus sans dormir…

Hautaine, l’œil plein de menace,
Sein de lys et cœur indompté,
Blagueuse, rouée et tenace,
Mais pure par férocité.

Je suis le témoin des plaisirs flétris,
Je suis le témoin du bonheur qui reste,
Je suis la fleur simple, ignorée, agreste…

Je suis myosotis.

Des vers qui témoignent un peu de la vie d’une Régine d’un autre temps et d’une plus courte longévité.

Mariée au Comte de Callias, écrivain journaliste au Figaro, elle était l’amante de Charles Cros (1842-1888) passionné de littérature et de sciences, à l’origine de la trichromie en photographie. Lui aussi cisela de nombreux poèmes notamment dans le recueil « coffret de santal ». Charles Cros écrivait :

« La gloire d’un grand mort ne dépend pas autant qu’on le suppose du caprice des vivants. Un peu plus tôt, un peu plus tard, les noms qui méritent de survivre émergent de l’oubli pour s’ancrer dans la mémoire des hommes. »

Donnons-lui un peu raison.

Ces quelques lignes rapides viennent compléter l’atmosphère et l’univers de Richepin, Ponchon… où l’homme était en nombre et la femme Nina en reine des nuits blanches.

J’en irai de mon aphorisme à la gloire féminine :
Femme est joyeuse avec qui sait, sans tambour ni trompette, faire vibrer sa mûre de Jéricho.
Parfois, il me vient de ces idées… 🙂
Bon samedi.