J’y serai…

J’irai saluer le départ de Coco.

Je me souviens de lui, à la Navaggia.
J’étais un gamin, je ne le connaissais pas encore. Il habitait piazza di Coddu chez Battistu, sans doute était-il en vacances estivales.

Je le regardais, en pleine chaleur d’un mois d’août, toujours affairé, en short et torse nu, infatigable. Il mélangeait des quantités importantes de ciment et de sable pour faire du béton, j’ignore ce qu’il construisait mais cela paraissait œuvre importante aux yeux du petiot que j’étais. Il ne semblait pas être sensible à l’épuisement, à la nuit tombée, il travaillait encore, cela m’avait frappé.
J’ai gardé l’image d’un bâtisseur, d’un travailleur inlassable du moins, dans mon regard d’enfant.

Bien plus tard, à l’occasion du rapatriement d’ossements d’un soldat lévianais qui revenaient d’Indochine et dont j’organisais et préparais le repas des morts pour quarante cinq personnes, je fis connaissance plus précise avec lui.
Il était sur le lieu de combat avec la personne enterrée là-bas et nous fit récit des circonstances de son décès.
Je découvrais, par la même occasion qu’il me connaissait de près et qu’il avait une certaine sympathie, voire une tendresse, pour mon parcours comme pour ma famille.

Nous nous sommes salués souvent lorsque je passais au-dessus de sa maison. Il avait grand âge déjà et inlassablement cultivait son jardin. Je le voyais affairé, à rassembler du terreau, à observer avec le regard rêveur de l’homme de la terre, anticipant sur la saison à venir. Il imaginait sans doute ses plantations et ses récoltes futures. Ses poules déambulaient, tranquilles, autour de lui.
Sans grand risque de me tromper, il semblait avoir un faible pour le maïs doux. Il y a deux jours seulement, je passais au-dessus de sa maison et j’ai remarqué que cette année encore, la céréale était présente.
On s’adressait un sourire léger, suffisant pour communiquer notre sympathie réciproque.

Repose en paix Coco.

Après avoir arrosé ses fraisiers dans la gouttière, il rêvait de plantations futures.
Puis s’en allait tranquille… c’était un début de printemps.

4 Comments

    1. Je suis passé au-dessus de sa maison, il y a deux jours et nous parlions de lui, j’ignorais son état.
      Bonne soirée.

  1. Mon frère vous a remercié durant son hommage à l’Église, mais moi non. Vos mots dans ces moments nous ont profondément touché, je pense pouvoir parler pour l’ensemble des enfants et petits enfants. Ces mots étaient sobres et justes.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *