Un prolongement à « L’adulte dépassé ».

Il y a quelques petites années, j’écrivais « L’adulte dépassé » dont voici un extrait :

[ « L’adulte dépassé » à la connotation sibylline n’est pas à prendre au premier degré. Il ne s’agit pas de l’adulte dépassé par les évènements mais de celui qui a franchi une étape ultime. Au lieu de se cantonner dans l’esprit adulte, il bascule à nouveau dans l’esprit enfantin qui prend la vie du bon côté à un moment où il constate que les jours filent et que le temps n’attend plus. « L’adulte dépassé » est donc un état esprit, une « philosovie »  qui exprime une idée très éloignée de la simple signification au pied de la lettre, minimale de ces mots. Il s’agit d’une personne qui a franchi les paliers de la vie, du stade nourrisson à celui d’adulte et finalement choisit de retourner en enfance en oubliant sa condition de personne âgée. Une transformation dégagée de toute analyse perverse pour ne pas gâcher le bonheur d’une insouciance retrouvée.

J’ai l’ambition de partir avec ce bagage, c’est probablement ainsi allégé que l’on croit parvenir plus facilement aux cieux. Faisant semblant de croire, alors qu’on nage en plein doute, on se sent plus léger. ]

Cela ressemble un peu à la pensée de Confucius : « Nous avons tous deux vies, la deuxième commence lorsqu’on se rend compte qu’on n’en a qu’une. » Une citation de ce genre, je n’ai pas en tête la formulation exacte.

Généralement, ce changement dans le mode de vie intervient après un accident, un évènement douloureux, un bouleversement brutal dans le train train, une sorte d’électro-choc qui provoque une prise de conscience suffisamment forte pour que l’orientation nouvelle soit radicale.
Parfois, la conscience est moins marquée, on relativise à tout va sans même se rendre compte du changement de comportement, presque de personnalité et cela va de soi.

Lorsque vous sentez l’écurie, l’odeur du bois de sapin, la nasse n’est plus très loin. A quoi bon se débattre, se morfondre, c’est peine perdue et ruine de l’âme, inutilement.
Il faut vivre avec ses douleurs, ses inquiétudes, les apprivoiser et les oublier si possible.
J’ai cette faculté aujourd’hui, j’espère que cela va durer jusqu’au bout de l’aventure. Tant que conscience est présente, j’en ferai bon usage. L’humour et le souvenir d’un passé heureux sont un excellent placebo pour vivre sereinement.
Placebo signifie « je plairai », sous entendu au médecin, trouverait ici, une autre assertion, « je plairai à moi même » (placebo-ipse, pourrait-on écrire en latin).
Plaire à soi-même comme phase ultime de la vie.

Cette transformation n’est pas facile à atteindre, ni donnée à tout le monde.
Heureux celui qui peut replonger dans l’insouciance enfantine, trouver la paix de l’âme sans déranger personne.
L’adulte dépassé sourit à la vie lorsque d’autres sont encore dans les lamentations physiques ou morales…

Ecce homo placebo-ipse, dirais-je, voici l’homme qui plait à lui même sans une once d’égotisme et donc débarrassé de tout narcissisme, de tout culte de soi.

« L’adulte dépassé » s’est dégagé des sentiments mauvais, il a écarté tout ce qui lui pose problème dans ses rapports avec l’autre.
Il nage dans l’océan du pacifique.

Les expressions latines sont inventées et donc, peut-être, sujettes à caution. Ipséité signifie rester soi-même en toute circonstance.