Le passage à vide est un moment terrible.
Plus rien n’évoque rien. Les nuages filent et vous laissent indifférent. Le vent souffle. Rien ne frémit, rien ne plie parce que le mouvement qui frissonne pourtant, n’a plus de résonance, il ne dit plus rien, ne génère qu’insensibilité, froideur et détachement. Tout tremble et rien ne bouge.
La vie est en jachère. Elle est broussaille comme un brouillon de choses dispersées, sans lien entre elles, une friche désordonnée, un bric-à-brac sonore, sourd et muet, un mélange informe, une multitude hétéroclite d’objets en mouvement, une multitude passive, inerte pourtant… Elle n’évoque plus rien.
Le flot de voitures déverse un bruit de moteur incessant, inutile. Les véhicules véhiculent leurs carcasses colorées sans âme, leur vroummm fuse et fuit, l’autre voiture qui talonne est aspirée, la suivante aussi bête, suiveuse, est déjà là puis disparaît là-bas. Une pure production de décibels sans musique, qui n’évoque rien. De l’indifférence motorisée, un mouvement perpétuel sans âme, un va et vient qui vient et va. Rien, rien, un souffle qui chasse un papier, bouscule une feuille perdue sur l’asphalte, vous soulève les cheveux au passage, puis un autre souffle… et un autre encore. Tout ça pour rien.
Des portes vitrées, comme d’imposants portails, s’ouvrent sous l’effet d’un code. Un ascenseur obéit au doigt sur un bouton, offre un passage, ferme ses volets et actionne son monte-charge. Il connaît les destinations, s’arrête pile au bon endroit, vous renvoie votre image dans un grand miroir qui me laisse de marbre. Juste un regard furtif à peine marqué alors que d’autres, muets à côté de vous, s’arrangent le portrait, se coiffent machinalement en tournant la tête de gauche à droite. La face, les profils sont inspectés, jugés, retouchés… Une dame se jauge. Rassurée, sa mèche est parfaite, elle sourit aux anges. La cage s’ouvre, se vide et attend le prochain voyage. Juste un mécanisme, même pas une habitude, monter et descendre par le roulement d’un filin d’acier qui s’actionne comme la corde d’un gibet.
L’écran télé est immense et lumineux. Des gens s’agitent et refont leur monde. Ils le repensent à leur convenance, je crois. Je n’entends rien mais je le devine à leurs gestes, à leurs rires ou à leur humeur mauvaise. Ils grimacent, gesticulent beaucoup et ne font même pas de vent. Ils bougent et puis c’est tout. Des pantins articulés, stoppés brusquement par une zapette. Une boîte plate et longue, surgit sous le nez, un clic sans bruit et l’image devient noire. Un silence d’outre-tombe, un rectangle en deuil, le semblant de vie s’en est allé.
Les palmiers, alignés sur la route qui borde la mer, n’offrent plus qu’un plumeau déplumé qui culmine au sommet d’un long stipe gracile dont les palmes basses séchées élèvent une grande tristesse dans le ciel pourtant d’un azur sans tache.
Tout ici anime un semblant de vie, tout bouge sans émouvoir et n’engendre que des mots blancs pour dire des idées noires.
A quoi sert ce mouvement qui ne produit rien ? Une fuite perpétuelle, inerte et stérile en apparence.
L’inspiration est à plat, incapable d’arracher un sentiment et se contente d’ébaucher une sinistre description.
Je me doutais bien que ce billet de mots blancs finirait par la lumière et quoi de mieux qu’un bon petit plat pour retrouver les mots couleurs ? 🙂
🙂
Même avec des mots blancs vous remplissez une page (rire)
Bonne soirée 🙂
🙂
Bonne soirée Gyslaine.
Demain ce sera plus joyeux.
Que de choses bien vues (pas particulièrement gaies) mais une fin appétissante (alors tout va bien)
😊
Je m’amuse Chat 🙂
Pas gai tout çà !
Moi qui suis une contemplative, je préfère vos « Mots Bleus »…..
Haut les coeurs 💖
La vie est ainsi faite Fleur, il faut de tout pour écrire aussi.
Le gai n’existe que si… 😉