Bonjour, c’est Carla !

Je dois avoir le cerveau qui s’est bloqué dans le passé et ne parvient plus à fonctionner au présent.

Ce matin au saut du lit me vint à l’esprit l’expression qui fait titre et puis toute l’histoire refit surface sur le champ.

C’était un jour de printemps, ensoleillé, je conversais dans la cour de récré avec des institutrices. Les mamans inquiètes pour l’avenir de leurs enfants, bavardaient devant la grille qu’elles ne quittaient qu’au moment où leurs fistons disparaissaient sous le préau pour entrer en classe.

Nous étions donc en grande conversation. Grande, pas tant que ça, c’était une de ces discussions qui font passer le temps…

Une jeune fille de belle allure, la vingtaine bien sonnée, se dirigeait vers nous. Peut-être voulait-elle parler à une maîtresse, j’ai fait un pas de côté pour m’écarter.
Elle s’approcha de moi sans jeter un regard à mes copines de bavardage et me claqua deux bises sur les joues presque à la hussarde. Comme ça, sans prévenir, paf ! paf !
Je suis resté coi.
Elle venait de croiser les bras, le pied gauche légèrement avancé, me dit :
– Ça va ? Vous allez bien ?

Voyant que j’étais surpris, elle ôta ses lunettes de soleil et ajouta :
– C’est Carla ! Vous vous souvenez de moi ?

Ah, Carla, comment pouvais-je l’oublier ? C’est avec elle que je dus faire mes preuves de praticien à la partie pratique de mon examen.
Une petite fille de huit ans embourbée dans des difficultés d’apprentissage de la lecture, insuffisamment impliquée dans les choses scolaires d’ici bas.
Elle m’avait donné tant de fil à retordre que je fis mon autocritique sans qu’on me demande quoi que ce soit. La psychologue membre du jury, qui était venue me chercher dans le couloir après la délibération, m’avait dit en me tutoyant :
– Arrête de faire faire ton autocritique, personne n’a rien vu, tu les as impressionnés, ne te démonte pas !

Dans la cour, ce jour-là, c’était Carla qui avait pris les commandes. J’étais un peu gêné, à la fois par l’effet de surprise et par l’assurance d’une personnalité franche, sans ambages.
Le temps de reprendre mes esprits, je réalisais que c’était moi qu’elle rééduquait sur le plan de l’assurance et de la confiance en soi.
La petite fille devenue grande dame semblait mener vie accomplie, déjà, ne paraissait manquer de rien, bien dans ses baskets comme dans sa vie. C’était l’impression qui se dégageait de cette rencontre. N’était-ce qu’une impression ? Je n’ai pas cherché à comprendre et cela ne me regardait pas, m’importait peu, l’impression me convenait parfaitement.

Et dire que l’on se faisait du souci pour elle.
C’était souvent ainsi et les surprises furent nombreuses dans le genre.
La vie s’occupe de ces choses là.

Ce qui m’a fait sourire c’est la réaction des enseignantes :

– Vous avez vu comme elle vous a attrapé ? Quelle désinvolture !

Cot cot cot codec ! Codec cot cot cot ! La basse cour était effarouchée

J’avais oublié qu’on m’appelait Monsieur Simon, un Simon de Cyrène sacré, porteur de croix ou Simon d’ailleurs, presque intouchable, qu’on n’embrasse pas comme du bon pain, comme ça, d’autorité, sans prévenir.
Ah mais ! C’est pas possible, ces jeunes ! 😉

C’était il y a bien longtemps, déjà et j’en suis encore là, aujourd’hui.
C’est vous dire si je tarde à vieillir !

3 Comments

    1. Je freine tant que je peux Chat 🙂
      Il parait que ça ne marche pas comme ça.
      Hélas, je ferai avec, sait-on jamais, si j’étais l’exception à la règle.
      Bonne soirée.

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