Ce récit, comme une bouteille à la mer qui s’échoue sur une plage, bien des années plus tard, est un texte orphelin. Il dormait dans un coin de mes brouillons, j’avais oublié de le publier en son temps. Je viens de le repérer par le plus grands des hasards… il n’est jamais trop tard pour bien dire.
Voici donc à contretemps cette historiette légère d’un ancien printemps.
« Aujourd’hui, je buttais les pommes de terre, les plus tardives, les autres c’était déjà fait. Les poules m’interpellaient, elles caquetaient, rouspétaient bruyamment comme si elles manifestaient pour avoir plus à becqueter. Elles exagèrent. Elles me sollicitent sans vergogne comme si j’étais le coq roi et responsable de la basse-cour.
Avant de nettoyer le poulailler, Neige, la blanche, était dans le nid pour son offrande quotidienne, je ne voulais pas la déranger, je suis allé faire un tour du côté des petits pois. Après les pluies récentes et abondantes, ils avaient repris vigueur complètement envahis par les herbes folles. Les cosses étaient gonflées, c’était bout de cycle pour ces pois nains semés à octobre finissant. J’ai rempli mes poches de cosses en imaginant le repas de midi.
Simplissime.
Des spaghetti al dente et les petits pois pochés en fin de cuisson, juste deux minutes. Quelques giclées d’huile d’olive, une ou deux pincées, plus fournies que d’habitude, de fleur de sel. Ah ! Cette pointe de sel qui vient réveiller les papilles ! Ces petits pois qui éclatent sous la prémolaire et éclaboussent le palais de fraîcheur du jardin. Ces pois verts presque crus chantent en bouche alliant le goût à la couleur. Pas de triche, ce vert soutenu a bien révélé sa vérité presque sauvage. J’ai fermé les yeux, quelques globules émeraude se promenaient sur la langue avant d’exploser par deux, par trois et même plus d’un coup sec. Quelle saveur ! Tout droit resurgie de l’enfance !
Hélas, sur un coin de la table, des fraises d’un rouge vif, bodybuildées, sans doute fasciées*, allaient délivrer un goût à peine agréable mais tricheur. Des fruits inventés dans un grand centre de production pour séduire le chaland.
C’est à ce moment précis que j’ai mesuré, une fois de plus, toute la différence entre la simplicité des choses et l’ostentatoire fabriqué pour l’attrait.
Assurément, pour moi, le bonheur est dans le peu, le simple et l’authentique ! »
*La fasciation et la cristation désignent une forme de tératologie végétale qui consiste en la croissance anormale du sommet d’une tige respectivement en forme de faisceau ou de crête.
Tératologie=étude des phénomènes monstrueux, anormaux .
Eh oui, tout simplement !
Ce peu aujourd’hui est devenu un luxe parce qu’il est rare, mais je crois que petit à petit les gens redécouvrent cette simplicité à la saveur inégalable.
Bonne journée Simonu 🙂
Bonnne journée Al 🙂
J’ai mis 3 n pour qu’elle soit excellente des fois ça marche 😉
Petite nostalgie en mémoire de vos poulettes…
Peu peut-être beaucoup, la preuve dans ce bien agréable texte.
Bonne journée à vous
Il fallait lire : peu peut être beaucoup (sans trait d’union ajouté traîtreusement par la technologie 😀)
Ah la vilaine technologie qui veut toujours tout faire à notre place alors qu’on ne lui a rien demandé !
Les gélines, données à un ami, ont fini sous l’instinct d’un goupil, il en reste une, noire Harco.
Bonne journée Chat. 🙂