La peine exemplaire.

Aujourd’hui c’est jour d’hyperbole, jour d’exagération si vous préférez.

Parfois j’enrage en constatant des inventions qui vous compliquent la vie plus qu’elles ne la facilitent.

Tout le monde connait les emballages à ouverture facile, c’est souvent casse-tête, on doit avoir recours au couteau ou aux ciseaux pour contourner l’affaire. Quant aux blisters, mieux vaut ne pas s’énerver pour éviter de se retrouver aux urgences, s’il y en a dans votre contrée, pour suturer une profonde entaille. On se demande ce qu’ils ont tous dans la tête à vouloir simplifier la vie des autres en la compliquant.
J’imagine que vous avez été confronté, cher lecteur, à ce genre de casse bonbons.

Ce qui m’agace au plus haut point, c’est la pomme estampillée. Il fallait le penser ce truc là pour authentifier chaque fruit. C’est de la folie à l’état pur. Il faut ôter chaque étiquette pour éviter de polluer le compost de centaines de petits papiers encollés qui font de la résistance et se dégradent très lentement.

Je vous assure que je rêve d’être un juge, pour punir ces inventeurs écervelés, chaque fois que j’épluche une pomme ou une poire. Je me montrerais sans pitié et leur collerais une peine exemplaire afin qu’ils ne recommencent plus à placarder ces bêtises.

La sentence tomberait, impitoyable :

« Je vous condamne à porter une loupe monoculaire de bijoutier pour authentifier le contenu d’un paquet de lentilles. Les authentifier toutes, sans exception avec une étiquette à peine visible posée avec des pincettes et qui se dégrade sans effets secondaires à la cuisson, na ! »

Ainsi, chaque amateur de cette légumineuse très riche en protéines serait rassuré sur sa provenance. Apposer le label rouge à la verte du Berry, l’AOC ou l’AOP (Appellation Origine Protégée) sur les vertes du Puy. Il y a du boulot pour tout le monde : la rosée de Champagne, la blonde de Saint Flour, puis la rouge, la jaune, la corail, la brune et même la béluga, c’est vous dire ! Je crois qu’après un seul sachet, le condamné sera prêt à faire repentance pour retrouver sa liberté en promettant de ne plus jamais recommencer. Plus jamais, il ne prononcera le nom d’étiquette à l’effet devenu répulsif. Bien évidemment, il y a des peines plus douces comme l’étiquetage des petits pois ou des pois chiches et celui plus confortable de la fève ou des haricots Soisson pour ceux qui ont approuvé la trouvaille sans l’avoir cogitée.

Voyez comme une simple pomme épluchée peut faire divaguer ! C’est ainsi que je meuble mes moments de solitude. J’invente tout un monde, je me fais juge ou avocat, le prétoire est plein à craquer et à la fin du réquisitoire, c’est l’explosion d’applaudissements assurée.
La sentence est tombée, la salle se vide, celle des cent pas aussi, les lumières s’éteignent, demain je vais encore râler en retirant l’agaçante étiquette.

Oui, je sais, je peux changer de variété mais elles ne sont pas aussi bonnes ! La qualité se mérite, parait-il.
Je m’en accommoderai en chantant :

« Des pommes, des poires et des scoubidous, bidous ah ! »

Une collègue me disait :
– Qu’il est bête ! ça lui sortait du cœur.

11 Comments

  1. C’est très drôle en tout cas 😉
    Pour les fruits à étiquettes, une seule solution : le fruit local du marché, vous me direz qu’il n’y a pas de marché dans votre coin, eh bien faisons une pétition ! 🙂

    1. Dans le jardin, les geais ont tout raflé.
      Pas une seule pomme et les prunes qui étaient abondantes cette année aussi, n’ont pas résisté aux Attila des fruitiers.
      J’ai dû ramasser celles non parvenues à maturité pour les laisser murir à la maison… Ce sont les geais qui ont été étonnés comme les lapins d’Alphonse, en arrivant le matin de bonne heure !
      Elles sont à l’abri du congélateur, pour cet hiver. 🙂

      1. Laissez leur les fruits à étiquette l’année prochaine mais je ne suis pas sûre qu’ils les apprécient autant que celle du jardin 😉

    1. Merci lesfaitsplumes, hélas je suis nul en émoticônes, je ne sais jamais ce que cela signifie sauf pour les élémentaires « sourire » et « clin d’œil ».
      😉 Voyez, je l’ai bien fait !
      Bonne journée.

    1. Bonjour Tatiana,
      Et que dire des autorités qui autorisent l’appellation « extrait naturel de vanille » alors que l’extrait est issu d’un champignon moisi ?
      Si ce n’est pas encourager à mentir, comment nommer cela ?
      Je m’amuse, je ne suis pas un terroriste, mais tout de même ! 😉

    1. Bis Chat ! 😉
      Ainsi, je vais devenir expert en émoticônes, j’enregistre vite lorsqu’on m’explique.
      Bonne journée 🙂

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