Croyez-vous qu’il soit possible de perdre le temps ?
Je n’ai pas l’impression de me trouver dans cet état d’esprit car c’est bien un état d’esprit, la notion de temps perdu.
Au moment où j’écris, je suis fourbu d’avoir pioché une bonne partie de la matinée. J’attends que la fatigue passe, c’est le temps qui m’emporte, je me repose sans avoir le sentiment d’être oisif.
J’occupe mes secondes et mes minutes à faire ode au temps perdu en changeant la manière de le dire, jamais je ne perds mon temps, il m’embarque avec lui.
En attendant, l’esprit explore d’autres horizons.
Je regardais une photo qui date d’un début d’automne passé, pas si lointain.
Je déambulais au hasard des sentiers en quête d’images sans aucune idée préconçue.
Ma récolte fut aléatoire.
Je clique sur une idée, des ânes qui semblent inspirés par la montagne, le sourire d’André qui m’a reconnu et me salue chaleureusement.
C’est toujours un plaisir de croiser le temps.
Une image anodine me renvoie dans le passé, nous étions à la pétanque, dans les rues du village au cœur de la Saint Laurent, sur un chantier, au pied d’un mur de pierres sèches… André parcourait sa vie de maçon.
Aujourd’hui, il claudique un peu, le temps a imprimé son usure mais l’ami garde le sourire. Il est toujours en plaisir lorsqu’il vous rencontre.
Cet instantané au coin d’une sente, ces ânes à peine surpris de me voir ici, cet intrus pensent-ils, c’est le temps qui a déjà filé et que j’ai figé…
Ô temps insensé
Tu passes sans être étonné,
D’étouffante chaleur
A vive fraîcheur
De vents alizés
A bises aiguisées
De ciel azuré
A nuages cendrés
De jeunesse
A vieillesse.
Tu te fiches
De naguère et d’antan
Toujours ici et maintenant
Même, te contre-fiche
Filant d’étés en printemps
D’hivers en automnes
L’humeur monotone
Et chantonnes avec le vent.
Tu passes
Sans te retourner
Jamais ne te lasses
De toujours courir
Ou t’enfuir
Vers demain
Et des jours plus lointains,
Semant ça et là sans prévenir
Toute une flopée de souvenirs.
Sans jamais quitter aujourd’hui
Tu fuis
Faisant croire aux lendemains
Hier est déjà loin
Il reste encore la trace
En attendant l’oubli…
Les images et les récits, bien entendu,
Veillent sur le temps révolu,
Un temps suspendu
Que l’on dit à jamais perdu…
Nous allons quoi qu’on fasse,
Parfois de guerre lasse,
Avec le temps qui passe…
On ne perd jamais son temps dans la nature, les êtres et les animaux, tout comme les végétaux y vivent à leur temps, un autre tempo, un autre rythme. Belle page!
Certes, moi je voyage, d’autres s’en plaignent 🙂
Je suis déjà dans les projets, tel un Sisyphe heureux, je rêve de dénuder ma colline à coup de pioche…