Cette petite anecdote est insignifiante mais elle nourrit bien son homme en manque d’inspiration.
A court d’idées, un détail remarqué sur un reportage télé a réveillé illico ce maigre souvenir.
C’était du temps où je parcourais un secteur scolaire, plusieurs écoles donc, dans lesquelles je suivais des enfants en difficulté de lecture notamment.
Vous imaginez bien que j’y allais en me présentant sous les meilleures apparences possibles, c’est toujours plus agréable de se montrer au mieux de son sourire y compris vestimentaire.
C’était mon épouse, qui avait plus goût que moi pour les jolies choses, qui me faisait pas mal de surprises.
Elle adorait me voir arriver tout pimpant le soir, histoire de ramener le sourire à la maison. Nous étions jeunes et nous nous en amusions allègrement.
Elle me surprenait avec le choix des chaussures assorties aux vêtements. J’en avais de toutes les couleurs parfois brillantes, de surcroît. 🙂
Une paire me plaisait particulièrement. Il y avait un peu de noir et beaucoup de gris proche du blanc.
J’avais remarqué en allant dans une école, celle du mardi, que les institutrices m’accueillaient avec un grand sourire et quelques paroles joyeuses.
J’étais déjà un vieux de la vieille pour déjouer les flatteries, je serrais les mains avec l’attitude du parfait candide. Cela n’a pas raté.
Une petite bourgeoise, pomponnée à l’excès et très cul cul la praline, le visage presque diaphane, fragile comme de la porcelaine, se montrait plus avenante que les autres qui arboraient un petit sourire narquois. D’emblée, je me suis douté que j’étais l’objet de petites moqueries coquines entre personnes bien léchées.
C’était très agréable, c’est pour cette raison que je poursuivis le jeu de l’ingénu… Un jour, je saurai ce qui se trame, quelqu’une va bien lâcher le morceau, pensais-je en mon for intérieur.
Cela n’a pas duré longtemps, un jour de chamaille entre dames, la petite coquette fut trahie par l’une de ses amies :
Chaque mardi, sachant que c’était mon jour, elles faisaient des paris sur la couleur de mes chaussures, de ma veste ou de ma chemise.
La balance m’avait tout avoué. Celle à qui on aurait donné le bon Dieu sans confession était la plus active et la plus incisive. En me voyant arriver, se tournant vers les copines, elle disait : « Tiens, voilà le maquereau corse qui arrive ! Allez, on y va, on y va ! »
Comme disait notre cher président Jacques Chirac, « Ça m’en touchait une sans faire bouger l’autre. »
Je n’ai jamais rien dit, et au lieu de changer ma façon d’être, j’en jouais encore plus jusqu’au jour où la meneuse, sans doute lassée, vint plus souvent chercher conversation avec moi.
Je n’avais aucune amertume à son endroit, bien au contraire, je la plaignais, encore plus en apprenant sa triste vie de façade.
Le paraître était une chose coutumière chez elle qui décrivait son mari comme une sommité en gloussant de plaisir et papillonnant des cils 🙂
Voilà comme une simple vision de chaussures rouges et brillantes dans un reportage télé a réveillé le souvenir du maquereau de l’Île de Beauté 😉
Je ne supporte pas cette bêtise crasse et cette arrogance, je lui aurais balancé la bonne paire de claques qu’elle méritait.
Mais c’est vous qui avez raison, l’indifférence est le plus grand des mépris.
Cela m’amusait et je ne voulais pas trahir celle qui avait tout balancé.
Les choses de la vie qui glissent m’amusent 🙂
Anecdote qui me fait sourire malgré tout 🙂
Vous avez raison Gyslaine, le sourire est aussi le propre de l’homme (pour rester dans la citation) et de la femme aussi. 🙂
Amusant d’observer en spectateur la bêtise humaine…….. quelle existence médiocre a cette personne !!! mais le maquereau est splendide 😀
Un vrai chapon !
Bonne soirée Gibulène. 🙂
Tu aurais du arriver un beau matin avec un costume rayé, un borsalino et une petite moustache (collée) pour compléter la caricature : je pense que là elle aurait compris que tu savais. Et dire à ses dames un joyeux : « Bonjour les poulettes je viens relever les compteurs ! » 😀
La moustache, je l’avais, plutôt épaisse, ébouriffée et pointée vers le ciel. 🙂
Ah zut, ce n’était pas celle de circonstance alors !