Evidemment, je ne vais pas m’attarder sur l’étymologie du mot, ce n’est pas le propos ici.
Disons tout de même que Sagra signifie sacrée. Et le jour où je l’ai rencontrée, j’eus la certitude que j’avais devant moi une sacrée femme.
Je ne l’ai vraiment connue qu’un jour de juin 2012. J’étais en vadrouille du côté de Poghju Battesti (quartier Battesti) en quête d’images originales du village de Lévie.
En débouchant dans la ruelle qui glisse devant sa maison, je suis tombé nez à nez avec un grand soleil.
Sagra souriait, brillait de joie en m’accueillant à bras ouverts. J’étais un peu surpris car je n’avais jamais conversé avec elle et je me rendis compte, assez rapidement, qu’elle me connaissait parfaitement. Elle me fit même une confidence qui me remplit de bonheur. Un mot gentil sur une personne de ma famille proche. Un mot plus que gentil puisqu’il touchait le plus profond de mon être, un mot bien senti car il concernait un petit secret que nous gardions entre nous. Elle l’avait détecté un jour, en regardant certaines personnes évoluer… Je crois bien que c’est elle qui perça l’affaire avec sa révélation. J’y pense encore de temps en temps et un sourire, à son adresse, point sur mes lèvres. Il y a des gens qui font du bien dès qu’ils apparaissent et cela fut le cas lors de notre rencontre inopinée.
Annie qui n’est pas originaire du village, la connaissait mieux que moi. Elle la croisait souvent et s’arrêtait pour échanger quelques mots avec elle. Elle me disait, cette femme est une lanterne vive, un réverbère qui éclaire les gens perdus dans la nuit pour qu’ils ne trébuchent pas.
Mais comment fait-elle pour sourire de manière éclatante à chaque fois que je la rencontre ? Elle doit bien avoir quelques tourments, aussi ? Puis, elle ajoutait « J’adore cette dame ! Et je prends plaisir à passer quelques minutes avec elle. »
J’ai connu sa fille à l’école du village, alors que je terminais ma carrière dans le couloir de mon enfance. J’ai retrouvé le même sourire serein lorsque le plaisir s’installe dans les instants d’une rencontre…
Sagra ne laissait donc pas indifférent qui la croisait.
Pascale, une dame du quartier qui a vécu son enfance autour de Vitalbettu écrivait dans un commentaire sur Facebook, « Sagra était l’âme du quartier et cette âme s’est envolée avec elle… »
Un autre enfant du coin, Jean-Paul, s’exprimait à la cantonade : « Quelqu’un peut-il convaincre Simon d’évoquer notre Sagra ? » Je suis passé par hasard et tout m’est revenu à l’esprit… pour une petite évocation.
Ines, une inconditionnelle de Sagra, la disait unique et affirmait que sa maison était celle du Bon Dieu. Les lendemains de fêtes, elle accueillait les jeunes du quartier, sans doute pas très clairs, afin qu’ils ne se fassent pas sermonner sévèrement en rentrant chez eux au radar. Elle veillait et assumait.
Je n’ai pas d’anecdotes précises la concernant.
J’ai modestement accédé au souhait de Jean-Paul afin que cette dame passée par ici, repasse encore par là pour saluer ses amis du Poghju Battesti…
merci simon j’en ai les larmes aux yeux
Toujours un plaisir de lire et relire vos mots sur notre grand-mère tant aimée.
Un grand merci à vous!💗