Une suite au fil à linge.
Même s’il s’agit d’un enseignement entre deux fenêtres de deux bâtiments, et non deux portes, on peut tenter le jeu de mot, c’est tellement plus joli.
Les portes n’en voudront pas aux fenêtres de leur piquer un qualificatif, seuls quelques inconditionnels du juste mot feront la moue.
Francesca, la petite fille de maternelle poursuit ses cours à distance, en direct, sans écran interposé. Il suffit d’ouvrir la fenêtre à l’heure du rendez-vous et la leçon commence.
Hier, c’était FARINE (entre autres mots), un exercice de combinatoire simple pour une identification familière puisque la pâte à pizza est très en vogue dans les appartements.
Puis, ce fut le cours de mathématiques, de calcul mental plus exactement. Des aditions et des calculs à vif, c’est très vivifiant et formateur d’un esprit synthétique plus qu’analytique. Il faut réagir vite, se trouver des raccourcis et s’appliquer à pratiquer la fulgurance, apprendre à être juste et vif sur une courte durée.
Ça n’a l’air de rien, cela semble plutôt passe temps amusant, mais la situation est très formatrice. J’appliquais ce principe, non pas entre deux portes ou deux fenêtres, mais je trouvais toujours un moyen de détourner l’aspect exercice scolaire pour ceux qui rejetaient la situation scolaire.
Le temps du confinement s’y prête, encore fallait-il qu’un maître d’école et son élève habitassent presque face à face séparés par une cour intérieure. Rien n’empêche les facteurs, les financiers ou les mères au foyer de pratiquer la chose, cela ne demande aucune formation initiale. Le sourire, l’amusement, un tout petit peu de sérieux et l’on peut déclencher quelques réussites avec les plus réfractaires à la chose scolaire.
Le plus étonnant dans l’affaire, c’est que les autres fenêtres se sont ouvertes en découvrant cette jolie histoire, les voisins et les voisines suivent les cours et applaudissent aux bonnes réponses de l’enfant.
Francesca encouragée par ce public inattendu, répond de plus en plus vite et de plus en plus fort pour que personne ne perde miette.
Après le rendez-vous de vingt heures pour remercier le personnel soignant, voilà que les habitants côté cour adressent leurs encouragement à une fillette qui se prépare à entrer au CP. C’est étonnant, totalement inattendu et chacun y passe son temps dans la joie généralisée.
Qui aurait pensé qu’un jour, un confinement inventerait l’école Huissonnière ?
Je suis certain que Francesca aura quelques anecdotes à raconter le soir à la chandelle lorsqu’elle sera bien vieille.
Hélas, il n’y aura plus de chandelles, la flamme des récits au coin du feu, à la lumière faiblarde d’une bougie, s’est éteinte… c’est du passé…