Je suis un adepte du « penser par soi même » y compris en cuisine. Je perds du temps, je me plante parfois mais je m’amuse, et toujours, j’ai l’impression d’être aux commandes de ma vie.
Une impression ça compte énormément pour qui s’amuse perpétuellement…
Confinement oblige, nous allons papoter un peu, beaucoup, en étirant le bavardage.
Hier matin, pour passer le temps, je m’étais lancé dans la réalisation de sciacci di patati (tartes aux pommes de terre), une spécialité de mon village.
Les gens continuent à se passer une mystérieuse recette alors qu’elle figure sur internet, du moins dans ses fondamentaux.
Pour le reste chacun se laisse conduire par ses envies.
Le fils de la boulangerie/pâtisserie qui faisait la réputation de cette spécialité, nous étions en classe ensemble, m’avait révélé le secret de la pâte tant prisée par ici.
C’était d’une simplicité biblique.
Il m’avait dit, un kilo de farine pour cinq-cents grammes de margarine, un peu de sel et c’est tout. Laisser au frigo toute la nuit.
Je ne pense pas qu’il m’ait caché quelque chose de fondamental.
Pour la garniture, il vous faut une purée maison. A vous de la travailler finement, je préfère la réaliser à l’ancienne, c’est-à-dire grossièrement avec un presse purée élémentaire à peine plus adapté qu’une fourchette. Vous salez, vous assouplissez avec l’eau de cuisson, encore chaude, et vous ajoutez de l’ail.
Ah l’ail !A chacun sa préférence.
Vous pouvez l’écraser et verser cru dans la purée ou cuire très rapidement dans de l’huile d’olive juste pour exacerber odeur et goût.
Attention, c’est l’affaire d’une minute ou deux, ça brûle très vite.
Résumons ! De la purée détendue à l’eau de cuisson que certains parfument avec des feuilles de laurier, du sel, de l’ail, une bonne lampée d’huile d’olive – à modérer si vous avez sublimé l’ail en petite friture – du fromage râpé piquant, corse de préférence et beaucoup de poivre.
Le « sur-poivrage » est important pour réveiller le côté épicurien.
Ça fait chanter les papilles.
Le mariage avec ail/fromage vient mettre une touche de bel canto.
Vous entendez ? Ah ha ! Andante et farinante !
En fait, tout est dans l’amour que vous mettrez à réaliser votre recette, chacun trouvera cela bon et vous serez le phénix des hôtes de ces cuisines.
Surtout n’encouragez pas la personne épatée par votre « sciaccia » à en goûter une autre chez la voisine, vous risquez d’être détrôné.
Les sciacci di patati que vous voyez à l’image ont été confectionnées avec une pâte feuilletée en fin de vie, date proche de la poubelle.
C’était ma seule entorse à la recette.
A la guerre comme à la guerre, on ne gaspille rien et si certains crieront au sacrilège, cela nourrit bien son homme.
Les cercles de pâte sont calibrés avec un bol moyen en guise d’emporte-pièce.
Vous remontez et pincez les bords de la pâte une fois la garniture posée et le tour est joué, on dirait une vraie.
Vous pouvez, avant de passer au four, ajouter du Comté sur le dessus.
J’ai cuit à 210 ° en surveillant à partir de la vingtième minute.
Voilà grosso modo ce que l’on peut dire de cette recette.
J’avais volontairement fait plus de purée en espérant qu’une idée lumineuse s’allume avant le soir.
Voici, en images, la suite réservée à une vulgaire purée..



Je craignais trop l’humidifier avec l’œuf et le fragiliser davantage. Je crois que j’ai eu tort, on verra demain.



Vous l’avez deviné, il s’agit d’une friture débutée à huile très chaude.
Si le confinement devait perdurer, je pense que j’en sortirais prêt pour une pub Michelin, il n’y aura pas plus pneu que moi !

Ecoutez-le, pour une fois, il a raison !
Ma grand-mère Ghjacuminetta était experte en Sciacci di patati…
Exact Romain. Ghjacuminetta était réputée pour ses réalisations et « a sciaccia di patati » était sa spécialité. 🙂 Reconnue urbi et orbi, ‘Qui e fora di qui » comme on dit chez nous.