C’est en poursuivant le sphinx colibri sur la sauge arbustive, juste avant le crépuscule, que j’ai remarqué la ressemblance entre la fleur rouge et le roi de la basse-cour.
Cette fleur écarlate au port altier rappelle le mâle gallinacé, le grand tétras ou coq de bruyère…
J’avais l’impression de me faire chanter cocorico sur le ton du reproche en tournant autour de la plante :
– « Que fais-tu ici, à rôder devant la basse-cour ? »
On aurait dit, qu’au lieu de se chamailler avec les poulettes dans un jeu de domination, les coqs s’étaient ligués contre moi.
Ils se présentaient seuls, par deux ou par trois, le cou largement tiré vers l’avant et la crête en bataille pour me cocoricoter.
Me chahuter, me siffler, si vous préférez.
Vous ne pouvez imaginer à quel point amusement est grand lorsqu’on se balade dans la nature avec le regard innocent.
Surtout en poursuivant un sphinx moineau très en bougeotte.
Il vole tout le temps, ne se pose jamais.
Dans son vol géostationnaire comparable à celui d’un colibri, il déploie sa trompe et la plonge au cœur d’une fleur pour y puiser le nectar.
A première vue, il n’a rien d’un papillon.
Il surgit de nulle part comme un fantôme, de manière si soudaine, que le passant non averti recroqueville ses mains, se place en position de retrait.
Un réflexe de repli, le confondant fréquemment avec un insecte piqueur, un frelon le plus souvent.
Ce lépidoptère (papillon) est totalement inoffensif, vous pouvez l’observer tranquillement mais vous aurez du mal à le suivre tant il est pressé de visiter toutes les fleurs du buisson.
Très vite, le dieu anthropomorphisme vous embarque dans des considérations plus poétiques qu’objectives. Les fleurs deviennent gallinacées et les gentils papillons des méchants frelons.
Au fond :
Je suis un homme de cro-magnon
Je fais le monde à ma façon
Sur la terre, en toute saison
Moi je tourne en rond, je tourne en rond
Selon Zazie.
