Dans le matin assoupi…

La matinée était calme. Le ciel hésitait entre couverture nuageuse et soleil. Les quartiers s’allumaient, s’éteignaient, comme si le fanal céleste suivait grève perlée.

Lévie a retrouvé son rythme hivernal, les rues sont désertes, le paysage s’est endormi.

J’ai rencontré trois personnes. Devinez quelles furent nos conversations ? Nous avons évoqué notre enfance, un retour rempli de nostalgie, vous l’avez sans doute imaginé.

Deux Jacquelines de la Navaggia. L’une habitant toujours le quartier venait de l’Insorito, l’autre habitant l’Insorito revenait de la Navaggia, aujourd’hui déserte. Deux discussions banales. Les parents, les enfants, le passage de Fabien en furie qui secoua nos toits, les douleurs de nos vieux os. Et sous-jacent, le plaisir de se rencontrer, d’échanger quelques mots… Nous avons trouvé sujets à meubler de longues minutes. L’été on file plus vite, les conversations sont distribuées, partagées avec ceux rentrés du continent ou d’ailleurs. Nous papotions presque au milieu de la route, les véhicules sont plus rares et ceux qui passent nous saluent sans nous bousculer, un pas de côté suffit à leur laisser passage.

Devant la grille du cimetière, les baudets nous regardent, parfois braient en nous dévisageant, on dirait qu’ils rient bruyamment pour que l’on daigne s’approcher. Ils attendent un bout de pain sec. Ils sont habitués à ce rituel.

Sur le passage, en allant vers Aratasca, Paul semble en grande conversation avec son âne. Il l’entraine, le mécanise à porter un peu de poids. Il lui enseigne le hue et le dia avec une patience et un calme, infinis. L’homme est discret, il a conservé la mentalité de nos anciens, cela se lit sur son visage et se devine dans ses propos. L’entente est parfaite, il m’a rappelé mon père avec son compagnon Roland. Il l’a connu aussi, il a souri.

A l’autre bout du village, j’avais croisé sa sœur, en fin de parcours j’échangeai quelques mots avec Josée pour que cette balade ne se résume à une histoire sans paroles.

Lévie ronronne, la traversée d’un bout à l’autre du village fut rapide, il reste les images.

1 Comments

  1. Belle promenade dans les rues du village.
    Jolies photos qui montrent bien l’endormissement hivernal commun à nos bourgades de montagne.
    N.B: les photos de l’autre jour étaient aussi remarquables.
    A prestu

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