La journée du 1er décembre 2018 fut une journée jaune, orange et rouge, une journée aux couleurs chaudes, une journée très chaude.
Ce matin, le ministre de l’intérieur paraissait satisfait d’avoir sécurisé, mieux encore, sanctuarisé les Champs Elysées. Tout était nickel. Le service d’ordre était prêt à filtrer les gilets jaunes afin qu’aucun débordement ne se produise sur la plus belle avenue du monde.
Il ne restait plus qu’à remplir l’enclos et surveiller la manifestation ainsi maîtrisée.
Comme souvent en de pareilles occasions, on a oublié d’analyser les effets pervers. En voulant réaliser un enclos, les autorités ont tout simplement mis en place un exclos. Dans un enclos on parque, dans un exclos on préserve un lieu en empêchant l’intrusion. C’est ce qui s’est passé, les manifestants ont préféré ne pas se laisser enfermer. Vous connaissez la suite. Paris secoué, Paris chahuté, Paris martyrisé.
L’analyse préfectorale comme celle du ministère de l’intérieur a fait chou blanc.
Dans le même temps, le président Macron, en Argentine, donnait des conseils à MBS, Mohammed Salmane Al Saoud, prince héritier d’Arabie Saoudite. Il lui reprochait ses erreurs et surtout de ne pas l’écouter. L’autre souriait. Trump faisait la gueule en prêtant timidement l’oreille lors d’un aparté improvisé. Ce qui se passait en France à ce moment ne renforçait pas sa crédibilité.
Gouverner c’est prévoir, les autorités connaissaient les risques, elles ont joué et mal joué. Persuadé d’être le détenteur du vrai, sans concession, toujours droit dans ses bottes, le président se montre inflexible. Il faudra bien qu’il se décide à s’exprimer devant le pays et dialoguer. Si cela arrive, son attitude tardive sera bêtise. A quoi bon, après tous ces désordres qui auraient pu être évités. Il s’est trompé en oubliant qu’il était président et non envoyé de Dieu. La responsabilité du chef est ici fortement engagée. Le chef a manqué d’humilité et de lucidité, on ne gouverne pas les yeux fermés et les oreilles bouchées en déclarant : « J’assume ! ». Même s’il se trompe d’analyse, le peuple a toujours raison… raison de vous.
C’est aussi cela et c’est bien observé et analysé.