Pointu comme le progrès.

La pointe du progrès.
(Cliquez sur les images)

Voilà une expression nouvelle qui pourrait bien devenir courante pour exprimer une déception par dérision ou par ironie. Du genre « Ah ! C’est pointu comme le progrès ! » pour évoquer une avancée qui comporte plus de gadgets que de côtés utiles. Cela se vérifie de plus en plus.

J’ai pris l’habitude de dire que toute découverte s’accompagne d’effets pervers. Lorsqu’elles s’enchaînent, ces derniers prolifèrent aussi.

La recherche orientée comme celle fondamentale est une pompe à fric sans fin. On ne cherche pas par philanthropie mais pour gagner de plus en plus d’argent. Les traitements médicaux du dernier cri sont inaccessibles au commun des mortels, seules les familles qui ont le compte en banque très fourni ont une chance d’accéder au protocole miracle. Les autres profiteront du ruissellement. Cela se vérifie pour la chirurgie de pointe et l’accès aux IRM, il faudra des mois pour que le citoyen de base soit sondé aux ultras sons, alors qu’un joueur du PSG, par exemple, n’attendra qu’un jour ou deux si ce n’est séance tenante. On progresse mais le progrès choisit ses cibles. C’est devenu d’une telle banalité que l’on s’étonne de voir le sujet encore évoqué.
Tout évolue si vite. Votre appareil photo du dernier cri fait presque tout, tout seul. Mais attention, ne comptez pas vous informer en lisant le livre qui l’accompagne, vous n’y comprendrez pas grand-chose si vous n’êtes sorti d’une grande école spécialisée en la matière. Sur deux cents pages, vous en retiendrez une ou deux, le reste c’est du charabia venu du monde de la haute technologie. Les nouveaux photophones (téléphones portables) produisent des images d’une qualité rare sans aucun effort. L’heureux possesseur d’un tel phénomène s’extasie en clamant haut et fort qu’il n’a touché à rien, sous-entendu « C’est magnifique et c’est moi qui ait pris la photo ». Il ignore que son appareil est truffé de technologie et que le chasseur d’image n’y est pas pour grand-chose, tout juste responsable d’avoir appuyé sur le bouton. Le bidouillage est programmé dans le ventre de son portable de rêve.
Le constat est le même à tous les niveaux. Dans l’électroménager, on vante les mérites d’un four révolutionnaire bientôt capable de cuire un rôti sans chauffer. Il est farci de programmes dont on ne servira jamais, c’est juste pour l’esbroufe ou le standing. Pareil pour les plaques chauffantes, les micro-ondes, les téléviseurs, aspirateurs… Bref, on n’en finit plus, on n’arrête pas le progrès.
Parfois, on note des anomalies. Par exemple, le chauffage d’appoint à pétrole, censé prendre le relais d’une panne électrique doit être branché sur secteur pour démarrer.
Les volets montent et descendent à distance, les voitures roulent et se garent toutes seules. Mais gaffe à la panne, vous imaginez la galère. Le risque est grand de se retrouver comme un sauvage qui meurt de soif devant un robinet fermé.
Des robots vous suivent partout pour vous faciliter la vie, d’autres, très sexy, plus vrais que nature, vont vous soulager en déclarant avec une voix suave, l’amour qu’ils vous portent. Vous n’aurez même plus besoin de fantasmer…

Evidemment, vous n’avez là qu’un infime aperçu du trop pointu.

Il ne reste plus qu’à inventer une fin de vie choisie. La personne mourante, portée dans un état au-delà du second, s’installerait confortablement dans son cercueil, se trémousserait pour vérifier que chaque os est bien calé pour la nuit des temps puis fermerait à clé de l’intérieur. Biperait un dernier message personnalisé pour informer la famille que tout va bien : « Il fait chaud, il fait doux, je vais m’endormir, à bientôt ! C’est top ! Aaaaadieu ! » Paf ! C’est fini. Cette dernière trouvaille ne serait pas sans effet pervers, non plus. Imaginez qu’un petit malin s’endorme sans rien communiquer. Pour faire bisquer ou pour se venger de mauvaises relations. Un doute et un remords, doublés d’un implacable suspense, poursuivraient les proches jusqu’à la fin de leurs jours.

Si l’expression « Pointu comme le progrès » vous était adressée un jour, sachez que cela signifie : « Vous êtes allé très loin dans la précision, il ne vous reste plus qu’à subir tous les effets pervers »… il y en a un bon paquet, vous les découvrirez au compte-gouttes.

J’aime encore les rondeurs, ça fait rebondir de plaisir… Au moins du plaisir d’avoir écrit, encore une fois, quelques lignes folles qui me piquent l’esprit à vif… et, j’ose le dire, je n’ai rien contre le progrès.

A la claire fontaine du capuchon de moine.

 

 

 

 

 

Dans la nature naturante, sans tirer le progrès, les capuchons de moine (gouets) semblent chercher quelque chose.

 

 

 

Ils cherchent encore, vont-ils trouver ?
Pas sûr, ils méditent pendant que je m’amuse avec eux…

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