Il faut manger pour vivre…

… Et cuisiner pour passer le temps lorsque l’hiver vous assigne à résidence forcée. Certes, la sédentarité n’arrange pas vos vieux jours mais au moins vous n’aurez aucun regret lorsque les porteurs de cercueil en trouveront pour votre argent. Vous vaudrez votre pesant sonnant et trébuchant, si d’aventure c’est encore possible de voir et d’entendre une fois l’âme envolée dans l’au-delà, en surprenant leur soulagement : « Imbè pisaia cuistu ! » (Eh bien, il était lourd celui-là) Et si vous n’avez que très peu pesé dans les esprits, ces épaules porteuses se souviendront de vous jusqu’au prochain poids lourd. N’allez pas croire que je pèse une tonne mais je me porte bien avant le retour au jardin, sans doute plus salutaire.

En regardant cette image, certains s’exclameront : « Ma chi roba hè quissa ? » (Qu’est-ce que c’est ?) C’est le plat du jour tout droit sorti de mon imagination. Un’imbulicata comme on dit chez nous (Un mélange sans trop réfléchir).

Il me restait quelques pommes de terre cuites la veille. Cela suffit à me donner des idées. Dans un grand mortier, j’ai pilé de l’ail (4 gousses) avec un peu de gros sel (Cela empêche l’ail de s’échapper sous les coups de pilon). J’ai poivré, envoyé quelques giclées d’huile d’olive puis écrasé les pommes de terre à la fourchette. Il y en avait cinq moyennettes (entre petites et moyennes). Je ne m’aventure que rarement à calculer, doser, je fais tout au feeling. Tiens ! J’avais du brucciu passu mais pas encore bien passu (Du mi-sec encore facile à écraser). J’ai donc incorporé un bon morceau également trituré sous la fourchette. Il ne me restait plus qu’à garnir quatre rouleaux de jambon blanc avec cette mixture, dans un plat adapté au volume et qui va au four. Avec de la crème semi-épaisse et des champignons de Paris émincés, relevés d’estragon, j’ai réalisé une sauce blanche pour napper le tout. J’ai failli mettre du curry à la place de l’estragon. Et j’ai terminé par une couche de fromage râpé genre gruyère. Je vous conseille de l’incorporer à la sauce plutôt que de le poser dessus. Voilà, au four pour faire un peu dorer et c’est parfait pour midi. Vous pouvez varier à votre façon selon vos goûts et ce que vous avez sous la main.

Je lorgnais sur un brucciu frais du jour et, sans trop me creuser les méninges, j’ai eu l’idée de me lancer dans la création du « Castafia » baptisé ainsi sur le champ. Un dessert inédit pour moi. Vous l’avez peut-être deviné en regardant la photo, et en décortiquant le mot, il s’agit d’un mélange de farine de châtaigne et de brucciu pour réaliser un fiadone original. C’est simplissime à faire.Tamisez de la farine de châtaigne, versez deux œufs et du sucre à votre goût, puis mélangez pour obtenir une pâte. Vous la détendez, pas trop, avec un peu de lait puis vous écrasez votre brucciu à la fourchette. Votre moule est beurré, vous le garnissez puis enfournez à 180/200 selon l’état de votre four pour un temps visuel.  Surveillez la cuisson.

La pluie a repris de plus belle, les flaques s’agrandissent, les oiseaux sont à l’abri… il paraît que cela va durer jusqu’à dimanche en alternance avec la neige. Mais là, ça suffit, je vais y aller mollo qu’il tombe des hallebardes ou du duvet dansant, et me contenter de survivre. Il ne faut pas exagérer tout de même ! Bonne semaine paisible et sereine, sous les gouttes et les flocons, si vous n’êtes pas trop loin d’ici.

« il faut manger pour vivre et non pas vivre pour manger. » Molière dans l’Avare. Une traduction d’un aphorisme de Socrate.
En évitant la paraphrase totale, je tenterai : Il faut bien vivre avant de mourir sans le regret de mourir d’avoir trop bien vécu. Gagner une poignée de jours, fut-elle des années en vivant sobrement, c’est croire gagner du temps alors que sans plaisir ce n’est que temps perdu. Le rouleau compresseur passe et toujours on trépasse. Les plaisirs sont multiples… En regardant le temps passer, on ne vit pas le temps qui passe.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *