Lévie en hiver.

img_2436img_2399Une partie du village vue depuis l’esplanade du musée. (Cliquer sur les photos)

Le temps était clément aujourd’hui. C’était le moment de parcourir les quartiers du village et l’occasion de se souvenir, de revisiter les meilleurs moments de l’enfance.

Il n’y a pas si longtemps, les rus qui traversaient le village remplissaient les bassins avant de poursuivre leur route vers la rivière principale, le Fiumicicoli. Les jardins constituaient une nécessité vitale pour les moins fortunés souvent condamnés au troc et au crédit. C’était le cas dans ma famille dont les revenus insuffisants ne permettaient pas de payer cash et père restait à l’affût de la moindre parcelle qui se libérait. C’était celui qui s’annonçait preneur avant les autres qui devenait métayer. Les propriétaires ne se faisaient pas de souci, la demande devançait presque toujours l’offre.

Avec les marchands, notamment les épiciers, passage obligé, il fallait bien fonctionner à la confiance. Les achats notés sur un cahier de crédit prenaient facilement de l’importance de sorte qu’à la fin de chaque mois, les familles n’étaient pas certaines de pouvoir éponger les ardoises. Il fallait freiner les dépenses, quitte à se priver, de manière à effacer les dettes avant qu’elles ne deviennent trop importantes. Certains se faisaient tirer les oreilles lorsque la honte les conduisait à raser les murs en évitant de passer devant les magasins. C’étaient des moments pénibles et les enfants en âge de comprendre en prenaient gros sur la patate.

Il y a une quarantaine d’années, je construisais ma maison au village en prévision de mes vieux jours. J’ai toujours pensé que c’est ici que je devais finir ma vie. Je m’étais rendu dans le magasin de meubles et électroménagers du village. Je cherchais à m’équiper à minima. Une table quelques chaises, deux lits, une gazinière et un petit frigo. Il fallait jongler avec les dépenses. Le marchand de l’époque me proposa de m’équiper totalement, de ne me restreindre sur rien et que nous nous entendrions comme naguère : faire les acquisitions à crédit. Cela me semblait indécent et surtout pas raisonnable d’assumer deux habitations. Une pour le travail et l’autre pour les vacances en attendant la retraite. La personne me rassura, m’installa tous les meubles et nous nous engageâmes pour un long crédit sur parole. Tout était vendu prix coûtant et le crédit sans intérêts. Je n’ai signé aucune reconnaissance de dettes, nous n’avions même pas topé. Tout a roulé comme sur des roulettes. Je payais toutes mes échéances, il n’y eut aucun courrier entre nous jusqu’au dernier versement. C’est à ce moment que j’ai adressé une lettre de remerciements pour clore notre pacte.

C’est en parcourant les rues des quartiers de mon enfance que ces souvenirs sont remontés à la surface et je tenais particulièrement à citer le sacré coup de pouce donné par le marchand de meubles. Un homme de parole. Une personne était passée après moi pour acquérir le buffet rustique en payant comptant, c’était promis et ce fut livré. Rien n’a changé tout est encore en place certes démodé mais cela me laisse parfaitement indifférent, je vis, je suis et me fiche du paraître…

On se plaint souvent, on râle trop. J’avais envie de sourire aux bonnes choses de la vie.

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img_2433 img_2423 img_2425U Paradiseddu. (Le petit Paradis)

 

 

 

2 Comments

  1. Sympathiques évocations qui évoquent des expériences proches dans le Valois de mon enfance mais probablement universelles. L’eau d’abord : lavoir ou fontaines publiques pour les souvenirs des jeux, les fantômes , les premiers travaux domestiques : puiser l’eau, laver des légumes, rincer du linge … Le crédit bien sur, sur parole évidemment. Mes parents, jeunes amoureux désargentés doivent à un voisin, Monsieur Klopstein, rescapé des camps, le prêt sur parole qui leur permit d’ouvrir un humble salon de coiffure après guerre. Et puis, et puis … à te relire.

  2. Belles photos du village endormi (un peu trop peut-être) dans la quiétude hivernale.
    Joli surprise pour la fontaine du Paradiseddu aux abords bien entretenus, mieux peut-être que quand,enfants, nous allions y remplir nos cruches d’eau fraiche.
    Par contre, et cela saute aux yeux sur une photo, le mur de soutènement de la route qui passe devant la maison de mon enfance est à mes yeux une insulte au paysage. Le concepteur aurait au moins pu faire l’effort de le terminer par une rambarde en fer forgé afin qu’on puisse voir à travers. Pour moi, il devrait concourir pour un prix récompensant une illustration du proverbe « chi troppu posa, mal pensa ».
    A bientôt.

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