Carpe Diem post mortem !

Ce texte, sous l’égide « Cabrioles », aurait dû figurer dans la rubrique « N’importe quoi ! »
J’ai oublié de l’inventer.

Ah, la belle blague ! Le beau paradoxe ! La belle absurdité !

Profiter du moment qui passe, prendre son plaisir quotidien après la mort, quelle embrouille !

Comme la fin est toujours plus proche aujourd’hui et bien moins que demain, si lendemain il y a, je commence à regarder dans le rétroviseur. Quelle a été ma vie ? Pourquoi ? Comment ? Où vais-je ? Quand y vais-je ?

Ca sent l’écurie ou le sapin tout proche. Le sapin, c’est l’image qui me convient. Oui, mais le sapin encore sur pied. Lorsque j’entends la chanson « je viens du sud », je vois la colline et tout au bout dans le ciel, des sapins… je la gravis les yeux rivés toujours plus haut, mais en staccato comme si j’hésitais à y aller. Toujours plus haut mais pas de gaieté de cœur. La moindre lenteur, le moindre sur-place est du temps gagné… et par tous les chemins j’y reviens et me retiens.

J’imagine mon dernier voyage.
Simple, avec les gens du village et quelques amis qui me suivent au rythme du Boléro de Ravel. Un long et lent crescendo qui ne s’emballera qu’au moment de la descente du cercueil au fond du « plus rien ». Un contraste comme je les ai bien aimés dans la vie pour mieux la comprendre et mieux la prendre.
La musique plafonne pendant que je touche le fond, elle s’élève alors que le corps plonge.
La musique cesse, la terre masque déjà mes dernières planches…
Dans un ultime soubresaut, mes idées refusent le silence, s’enfuient de mon habitacle pour chatouiller le tempo des autres. Elles gambadent, survolent les têtes, titille les esprits pour garder encore frais le souvenir de mon passage…

C’est dur de penser à l’oubli. Alors, je m’invente un carpe diem post mortem.
Ne riez pas, j’ignore, vous aussi, si « l’après nous » réserve encore quelque existence…
Allez savoir !
Une existence dans l’ailleurs qui conserve le souvenir, peut-être ?

Mon carpe diem posthume est mon épitaphe. Un petit message au visiteur de passage devant ma pierre tombale.

Juste un sourire, une interrogation sans réponse, une allusion à mon passage sur terre.

La vie d’une plante est puisée dans la terre depuis ses racines, peut-être qu’une voix d’outre-tombe porte aussi un peu de vie…

Et pis… taf ! Tiens ! Epitaphes à revendre.

  • Je suis venu, j’ai vu et je n’ai rien compris à mon passage ici-bas.
  • Croire sans savoir n’est que trouble de l’âme.
  • Maintenant, parvenu sur l’autre face des choses, je sais mais je ne dis rien.
  • Toi, visiteur, comme moi, tu seras dans le doute jusqu’à la fin de tes jours.
  • Ignorer le futur est le sel de la vie.
  • Remplis chaque minute et tu partiras léger.
  • Le temps, le temps… Intègre bien cette notion : il fuit, il fuit par nécessité.
  • Le fil d’une vie est le temps qui file.
  • Insouciante, indifférente, la vie file, file et nous faufile vers on ne sait où.
  • Pose ton radeau sur la vague du temps et laisse toi bercer par les flots ou navigue au gré du vent mais ne sois pas le fétu de paille balloté. Résiste !
  • Ne sois pas le fétu de paille qui parvient au bout du chemin, surpris de se trouver là. Profite du voyage, ici et maintenant.
  • Sache que tu vas vers l’inconnu.
  • Pense et … Carpe dieme-toi avant qu’il ne soit trop tard !

Au frais de cette pierre tombale, l’ami Simon gîte sous tes genoux.
On aurait dû inscrire, ci-git Simonou.

Qu’il est doux de s’amuser encore, car bientôt… Amen ! Requiescat in pace !
Puis post mortem, mon savoir s’arrête là.

La nuit, il fait nuit et la nuit post mortem comment l’imaginez vous ? 😉

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