Ça sent le roussi !
(Cliquer sur les images)
Un petit dernier pour le voyage et toujours un brin de folie douce…
Avec les nouvelles règles de l’orthographe, à paraître, il va falloir repenser les données de WORD. Un logiciel devenu bienveillant et parlant pour ne pas froisser les plus fragiles, les traumatisés du verbe et du nom commun. Voici, en avant-première, ce qu’il pourrait devenir dans un futur proche.
C’est Word qui attaque en premier.
- Bonjour !
- ????
- Bonjour !
- Tu m’entends et tu parles maintenant ?
- Oui, j’ai dit bonjour et donc je parle!
- Bonjour !
- Es-tu bon en orthographe ?
- Non.
- Bien, ne t’inquiète pas je vais t’aider, je veillerai sur ta syntaxe…
- Quoi ? Je vais payer une taxe ?
- Non, reste calme, je vais m’occuper de la grammaire et du lexique, du vocabulaire si tu préfères. Tu comprends ?
- Pas trop mais continue, tu m’intéresses.
- Souhaites-tu que je m’occupe de la ponctuation aussi ?
- C’est quoi ça ?
- Les points, les virgules tout ce qui donne une vie à ta phrase.
- Je vais la voir bouger alors, avec la virgulation ?
- Non, il n’y a pas de virgulation, mais une ponctuation. Ce mot englobe tout. Tu comprends ?
- Presque.
- Ne t’inquiète pas, je suis là pour t’aider.
- Oui, mais je commence à avoir les boules avec tes questions.
- Reste calme, calme, souffle, respire… Voilà, c’est bien. Ça va mieux ?
- Oui, un peu mieux. Tu vas écrire à ma place ?
- Non, je vais lire ce que tu écris et je vais te corriger.
- Tu vas me foutre une trempe ?
- Non, pas de trempe, je vais corriger tes fautes. Reprends ton calme, tu recommences à t’énerver… Ça va ?
- Oui, je souffle … Ffffffff
- Bien, si tu te sens mieux, c’est le bon moment, tu peux commencer à écrire.
- Ça va être difficile, je me sens surveillé.
- Non, oublie-moi, tu vois, je ne suis plus là. Allez tu peux commencer !
- ….
- Tu ne dis plus rien ?
- Tu me parles depuis un quart d’heure, maintenant, je ne sais plus ce que je voulais écrire.
- Souviens-toi, zen, respire.
- Tu es ventilo finalement, assistant respiratoire ?
- Chut ! Tout doux, commence…
- Bon, je commence… « Je… »
- Attention, tu parles de toi ou du jeu comme le jeu de l’Oie ?
- Je parle de moi !
- Bien, continue. Tu vois ce n’est pas compliqué.
- « Je ne ses plu… »
- Stop ! Tu veux dire que tu ne te souviens plus ou vas-tu parler de « ses plumes » ?
- C’est pas possible, c’est quoi ce truc-là ? Tu me prends la tête grave ! Va te faire…
- Du calme ! Calmos ! Va faire un tour dehors et reviens lorsque tu seras plus zen. Allez file ! Va prendre l’air !
Quelques longues minutes plus tard.
- Bonjour.
- Encore ?
- Es-tu bon en orthographe ?
- Va te faire foutre !… Pif ! Flap ! Trof ! Splash !
Parfois ça se passe mieux.
- Bonjour.
- Bonjour.
- Es-tu bon en orthographe ?
- Ça peut aller.
- Bon, c’est bien, je me mets en mode WORD normal, tu peux commencer.
- Ça va être comme ça à chaque fois ?
- T’inquiète, je suis là pour ton bien.
- Mais, j’aime bien me débrouiller tout seul.
- On a toujours besoin de quelqu’un auprès de soi.
- Oui, mais là, je n’ai besoin de personne.
- C’est ce qu’on croit, tu vas voir, ce n’est pas si facile d’être seul.
- Tu vas me poursuivre comme ça longtemps ?
- Non, c’est juste pour te rassurer un peu.
- Mais je n’ai pas besoin d’être rassuré, tu commences à m’énerver.
- Tu vois, j’avais raison, il faut rester zen. Tu vois ta faille ?
- Quelle faille ?
- Oui, ta fêlure, ton point faible…
- Pif ! Flap ! Trof ! Splash ! Boum !
Il va falloir revoir tout ça et repenser un autre logiciel. Décidément on ne s’en sort plus avec cette affaire. Pourquoi faire la chasse aux fautes et vouloir les tuer ? Laissons les vivre, elles ont bien le droit d’exister aussi, non ?
L’orthographe est devenue une affaire d’Etat comme si les choses n’étaient pas suffisamment compliquées par les temps qui courent. De l’art de mettre la pagaille là où règne une paix relative… « C’est ben vrai ça !» dirait la mère Denis, celle qui jouait la vedette dans une réclame de machine à laver, une lavandière usée, une fatiguée du battoir à linge. Elle a bien profité du progrès, elle… mais là, il n’y a rien de sonnant et trébuchant pour motiver, il faudra y penser la prochaine fois.