Une peur bleu pastel.

C’est une idée qui m’a sauté à l’esprit en écoutant les infos.

La peur légèrement teintée d’azur, n’est pas une peur bleue.
Elle n’est pas peur viscérale incontrôlée, non plus, mais un questionnement cérébral bien réfléchi.
Je ne prends plus l’avion.
J’ai volé quatorze fois et j’ai arrêté d’embarquer pour les nuages.
La raison en est toute simple, la douzième fois, je revenais en Corse à bord d’une Caravelle lorsque j’ai remarqué, à travers le hublot, que nous faisions des tours de manège au-dessus d’Ajaccio. Plusieurs tours, nous ne savions pas pourquoi. L’inquiétude se propageait à bord, certains commençaient à pleurer en pensant que c’était cuit, notre vie semblait s’achever ce jour là et nous attendions la vrille fatale.
L’atterrissage fut presque parfait, quelque peu chaotique, sans plus.
C’est en mettant le pied à terre que je réalisai que nous l’avions échappé belle, le train d’atterrissage refusait de sortir, jusqu’à ce qu’il retrouve raison. Le pilote faisait des ronds pour convaincre le zinc de sortir les roues.

Il me semblait que dans les airs, je n’étais plus maître de rien, à la merci d’un pilote défaillant ou d’un appareil devenu fou.
La treizième fois, je devais me rendre sur le continent en bateau, la personne chargée de prendre les billets avait choisi l’aéroplane sans me prévenir, me mettant au pied du mur le jour du départ, deux heures seulement avant de monter à bord.

J’étais furieux, j’avais encore le choix d’y aller ou pas.
Une fois dans l’avion, aucune panique. Je n’avais plus mon destin en main, inutile de geindre, j’étais embarqué. Dans l’appareil, ma raison reprit le dessus, je n’avais plus aucune crainte, j’étais calme et serein. Voilà pourquoi je parle de peur bleu pastel, en ce qui me concerne.

Bien que je ne sache pas nager, je n’ai aucune crainte de prendre la mer, ni avant ni pendant le voyage. En outre, je ne souffre pas du mal de mer.
Aucune appréhension, pourtant c’est la même aventure…
Et bien non ce n’est pas pareil.
Si le bateau coule, je n’irai pas en enfer, au fond de la mer point de Satan, il préfère le coin du feu.
Tomber du ciel alors qu’on espère y monter après vivre, avouez que ce n’est guère rigolo !
Les agnostiques, dont je suis, ont un doute, ils espèrent se tromper tout en vivant librement sans s’encombrer les jours de choses transcendantes qui les dépassent infiniment.

Dans nos contrées, nous avons l’habitude de dire « la médecine s’appelle Air France » – comprenez, il faut partir sur le continent pour être bien soigné – et donc si c’est affaire de vie ou de mort, je ferai confiance à toute compagnie aérienne.
Un pari de vie plus qu’un risque de mourir et ma peur pastel s’illuminera d’éclats de soleil, une chance en or massif !
Une chance seulement…
J’adore raconter n’importe quoi ! C’est toujours quelque chose.

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