Si l’on a conscience…
Il faut posséder une bonne dose de philosophie pour accepter la fuite perpétuelle du temps.
Filer avec lui comme une plume rebelle, légère qui résiste pourtant. Faisant des pirouettes à notre guise, le regardant cavaler puis le rattraper pour ne pas perdre sa trace.
Marionnette entre les mains d’un marionnettiste inconscient.
Où va-t-il ? Il ne dira rien, fuyant toujours devant.
Et nous, de le suivre comme une éternité qu’il n’est pas. Il est temps, tout le temps… et déjà n’est plus pour celui qu’il perd en route. Il est loin, l’autre n’est plus rien.
Un souvenir pour les vivants encore sur le chemin du temps qui roule et qui coule.
Il n’est pas le vent qui pousse, il tire et finit par vous lâcher la main, puis vous oublie.
Pendant le voyage, tout parle à nos sens. Il nous transporte vers ces choses à voir, à goûter, à entendre, à sentir, à toucher… nous sert des moments de plaisir ou d’effroi.
En passant, il nous offre des jalons de vie, des morceaux oisifs ou remplis d’ouvrage, des bouts, des laps, des instants seulement, toujours pressé, toujours mouvant.
Je l’imagine, froid, livide, indifférent. Pas un sentiment.
Il s’en fiche le temps, il n’a pas un instant. Il véhicule sans jamais connaître la panne et jamais il n’attend. Il me tire et je le suis, bien obligé de filer avec lui, toujours à la traîne, mieux vaut ne pas y penser.
Pour comprendre le temps, il faudrait qu’il nous dise :
Voilà ! Le 20 mars, ce sera fini pour toi. Dès lors, on ne court plus après lui. Il devient l’espace, l’environnement, la beauté des choses, l’ici et maintenant… Personne ne dit rien, personne ne sait.
La deuxième et vraie vie commence dès qu’on intègre la notion de temps en admettant que l’instant d’après sera peut-être le dernier.
Souvenez-vous de Confucius : « Nous avons tous deux vies et la deuxième commence lorsqu’on apprend qu’on en n’a qu’une. »
Il y a bien longtemps que j’ai commencé ma deuxième vie. Elle s’appelle carpe diem, épicurisme et même hédonisme souvent. Toutes ces choses s’usent avec le temps… manger, boire, rire, festoyer, caresser, transporter, envoyer dans les étoiles et atteindre ainsi le septième ciel, ça lasse énormément. Alors, on comprend qu’il est temps.
Battu par Chronos, le temps séquentiel et quantitatif, par Kairos, le temps fluctuant et qualitatif, vaincu par Aiôn, le temps cyclique, vidé tout le temps, fatigué d’avoir trop usé de mes sens, je me sais terrassé mais heureux d’avoir joué et finalement perdu.
Perdu ?
La victoire est impossible, on l’admet le moment venu. Inutile d’insister, laisser le temps nous coucher pour nous endormir à jamais dans un lieu sans surprise que l’on veut bien croire paradis.
Mais là, s’arrête mon vagabondage, je ne peux franchir les limites du temps. Je ne connais pas la suite de sa fuite en avant…
Avec mon temps.
Ma conviction,
Le temps est une fiction.
Je vous l’assure
Le temps est une imposture.
Dans sa fuite et sa java,
J’ignore où l’on va.
Sur lui, sans surprise,
N’avons aucune prise.
S’arrêter un instant
Pas longtemps,
Puis suivre son temps.
Prendre son temps,
Sans laisser le temps au temps
Comme on l’entend.
Y a plus le temps,
La vie c’est du vent
C’est le temps
Qui nous ment.
Cent ans
Longue est la vie
Courte aussi
Les ans
S’enfuient
Et ça finit
Dans l’oubli.
Naître
Pour disparaître
C’est l’affaire d’un temps.
Venir, partir…
Qu’a-t-on fait de toutes ces années ?
Faut-il donner un sens à la vie ?
Vous vous demandez, peut-être, d’où sort la photo en titre ?
Elle fait partie de ma collection des quelques 800 photos « métamorphoses ».
Il s’agit d’images banales, ratées ou sans intérêt que je reprends pendant l’hiver pour aller voir l’autre face des choses, ce qui se cache derrière ces clichés.
Il y a toujours quelque secret derrière toute chose et avec la photo ci-dessous, non pas en truquant, mais en déformant l’existant, en sublimant les couleurs, voici le cliché d’origine qui m’a conduit jusqu’à Monsieur le Temps.
Le livre METAMORPHOSES en dévoile un certain nombres et les histoires qui en résultent, puisque ces images sorties du banal m’inspirent des écritures…

Alors, j’ai creusé cette énigme et trouvé l’image en titre :
J’imaginais M. le Temps, froid, livide, indifférent, je l’ai trouvé majestueux, éclatant de mystère et de couleurs.
Voilà où me mènent ces métamorphoses.
🐾😻🐾