Le mois prochain, Annie et moi, fêterons notre 54e année, ensemble.
Le temps nous invite à maintenir le galop pour voyager encore un peu, à dada à dada, ce sera pour plus tard, je garde un œil sur l’allure.
Je vais vous parler d’un temps reculé, un moment à la fois agréable et curieux comme seuls les débutants en amour savent en créer.
C’était un premier avril mais aucunement un poisson.
Annie avait 22 ans et achevait ses études universitaires et moi 24 ans, je terminais mes vacances et vacuité universitaires.
Nous étions jeunes et pimpants, je n’étais pas engageant avec mon allure de mal fagoté et sans bagages. Il fallait une bonne dose d’optimisme pour s’embarquer avec moi, à moitié sourd, de surcroît.
Une amie d’Annie, du genre bonne conseillère, l’encourageait à me larguer :
Que fais-tu avec ce guignol qui n’a rien pour lui ni pour séduire ! lui serinait-elle à chaque rencontre.
Heureusement pour moi, ma petite Annie faisait la sourde oreille aussi.
Ce premier avril, je revenais de Corse pour la retrouver. Elle m’attendait sur le quai du port de Nice, j’ai gardé l’image de cette rencontre au sortir du bateau, j’avais devant moi une poupée. Une jolie poupée, avec sa jupette rouge, son chemisier lumineux, ses escarpins et ses socquettes blanches. Je crois même qu’elle était en couettes de l’air du temps. Bref, elle était à croquer, vous dis-je, mais je n’avais pas l’intention de détruire l’image à la croque.
Nous avons pris un petit bus qui nous conduisit jusqu’en ville, main dans la main, j’ai dû très peu parler tant j’étais heureux de la retrouver. Des mes errances universitaires, elle était mon équilibre, je me construisais dans son ombre bien qu’elle ne songeât jamais à me faire obscurité.
En ce premier jour de « ne te découvre pas d’un fil », nous étions aux oiseaux, totalement tiguidous de ces retrouvailles.
Entrés dans son petit studio, aux alentours de midi, comprenez que nous n’avions aucune envie de restaurant, tant par manque d’argent que par « mésenvie », trop préoccupés à conquérir le moindre petit recoin de nos personnes…
J’eus une idée de génie en même temps qu’une initiative que je ne me connaissais pas :
– Je vais nous préparer un repas frugal. Lui dis-je.
Et nous voilà aussitôt dans la petite épicerie d’en face qui allait fermer ses portes avant le post méridien.
Moi, le cuisinier intuitif, rustique et rural, je me chargeai de légèretés de toutes sortes et me mis à composer un repas inventé sur le champ. Rien de consistant, que du juteux aux saveurs sucrées.
Il s’en suivi une longue bataille de polochon, vous imaginez que nous nous roulâmes, reroulâmes jusqu’à épuiser les traversins. Ils n’en pouvaient plus, les pauvres, et s’assoupirent sans même le vouloir, tant ils étaient vidés.
Après une bonne heure, peut-être moins, peut-être plus, je ne sais plus, nous étions pris par une terrible fringale.
Ce jour béni, je me suis mis aux rimes mais j’ignorais encore que frugal et fringale engendraient une rime riche.
Je n’ai jamais oublié ce moment qui nous unissait définitivement et annonçait épousailles !
Nous adorons encore les rimes en al, estival, festival, original, horizontal et même vertical mais je me méfie toujours d’hôpital !
Brrr ! J’en ai froid dans le dos…
Moi l’épicurien, adepte du carpe diem, je sais que plein de joies, encore, nous attendent !

Comme des noces de zibeline en somme, douces et luxueuses dans un bonheur si bien raconté !
(Moi 55 ans ce 11 juillet et mon mari ✝️ depuis 15 ans).
Je découvre la zibeline.
En effet, j’ai regardé la définition :
« Les noces de zibeline, marquant 54 ans de mariage, symbolisent la chaleur, la protection et la durabilité de l’amour d’un couple. »
Bonne journée.
quelle magnifique histoire que la vôtre, merci de ce partage ! et puisse l’avenir vous réserver de nombreux autres anniversaires <3 Basgi Annie et Simonù
Merci Gibu, nous vous remercions !
Une élève de troisième, pas trop portée sur les études, en mon temps, disait en corse :
» Que sainte Lucie nous préserve la vue et que Dieu nous donne la santé, le reste on s’en fout… », ainsi soit-il, c’est suffisant pour voyager encore un peu 😉