Saint Antoine de Padoue.

Aujourd’hui c’était fête pour les Antoine.
Saint Antoine de Padoue vous qui faites trouver tout, vous m’avez fait retrouver des amis que je n’avais vus depuis belle lurette.
Je n’ai pas eu besoin d’invoquer votre art de trouver et retrouver, ils étaient là.
Paul notamment que je n’avais plus revu depuis plus de soixante ans, entrevu un jour à la sauvette sans pouvoir se parler.
C’est magique un saint lorsqu’il est préposé aux trouvailles et retrouvailles.

Nous avons passé une bonne journée avec mon ami Antoine de la Pignata, si ce n’est de Padoue.
Tout y était, la joie, l’amitié, la tranquillité et les chansons avec le jeune Marc Antoine à la guitare et au chant. C’était magique.
Je venais de converser avec lui un bon moment, avec mes lacunes, mes incompréhensions que la surdité m’impose, je n’avais pas tout saisi. Curieusement dès qu’il s’est mis à chanter, ce fut une élévation. Sa voix puissante et mélodieuse au service du chant corse était magique. Magique car elle jouait sur les muscles horripilateurs de mes bras, les poils de l’avant bras se dressaient à mon insu.
Je retrouvais mes racines, la voix de mon grand-père, il y a si longtemps.
Des voix différentes, certes, mais la même élévation dans le cœur des hommes.

Je fixais Marc Antoine, il n’était point empereur romain, mais un homme, un jeune homme qui louait son être ancestral du plus profond de son âme.
Même les touristes attablés un peu plus loin, étaient éblouis par ce chant venu des tréfonds d’une culture. Il ne comprenaient rien au texte mais étaient hypnotisés par cet enchantement, par cette dévotion bien ancrée dans nos entrailles corses.
Je les regardais, tous étaient tournés vers le chanteur guitariste, attirés comme par un aimant, ils avaient compris que la ferveur était là à leur portée, la sincérité des âmes vivait sans empiéter sur personne.
Certains sont venus le saluer en quittant la table.
C’était sympa.

Donner du plaisir, donner tout simplement ce qu’une âme qui traverse une vie est capable de propager dans son environnement immédiat.
La mélodie planait au-dessus des convives.
J’étais aux premières loges, juste en face du chanteur, ont-ils tous ressenti la même dévotion ?
Je ne saurai vous dire.

Merci mon ami Antoine de la Pignata pour cette belle journée, une de plus, pour nous.