Aux fins fonds d’une nébuleuse, dans la galaxie des singes, les explorateurs de l’espace ont découvert une planète singulière, la planète des guenons.
Un endroit où le féminisme est dépassé, c’est le féminin qui domine au royaume des femelles.
Les mâles sont enfermés dans des cachots aux sous-sols, le genre s’est raréfié car un bon nombre d’individus a disparu de malnutrition, de solitude ou de tristesse.
Les plus robustes ont survécu, les dos gris, amaigris, ont fondu.
Les accortes femelles, les mieux placées dans la société sont les seules à fréquenter les geôles au gré de leurs envies. Elles s’y rendent, non pas avec des oranges, mais avec des bananes prélevées sur des régimes entreposés dans une mûrisserie réfrigérée. Elles choisissent les plus belles à offrir au mâle alpha déconstruit devenu mâle bêta à force de nostalgie et de mépris.
Le plus visité est Kong King surnommé « Kong en pâte » puisqu’il est le préféré des dirigeantes, le plus gâté.
Le rituel est toujours le même, elles se présentent avec une belle banane et lui font l’invitation suivante : Je t’offre cette banane, tu me files la tienne.
Ainsi se perpétue maigrement une espèce promise à la disparition.
Quelques guenongelles de la basse société parviennent à rencontrer les derniers bonobos qui croupissent dans un environnement misérable, tristes à mourir.
Ces chimpanzés nains rêvent de l’ancien temps lorsqu’ils passaient leurs heures à copuler avec toutes les guenons rencontrées dans la journée. Quelques rejetons naissent de ces rencontres clandestines, les femelles issues de ces joies officieuses deviennent les servantes des plus gradées, les mâles sont envoyés au cachot dès qu’ils sont en état de survivre.
En Ussie et en Mérique c’est la paix royale, les armes ont été détruites, les comptes se règlent à crêpages de chignons ou tirages de cheveux.
La mère Leon vit en Aponie quasiment déserte, profite du jour de la distribution des jouets le 25 Ecembre de chaque année, pour rencontrer un amateur de houppelandes rouges.
Leur dieu est une déesse, leur religion est unique. La divine se nourrit d’abstinence et d’air frais, suffisamment légère pour survoler les contrées et surveiller ses ouailles.
Sur cette planète, l’ambiance est morose, on estime que dans quelques écennies, vers l’an 30333 qui équivaut chez nous à l’année 2045, la natalité sera au point mort et l’espèce déjà en grand danger promise à disparition.
Un déséquilibre vertigineux, provoqué par l’équivalent d’un wokisme terrestre, essentiellement centré sur la détestation masculine.
Toute ressemblance avec la vie sur une autre planète où le monde simiesque vit paisiblement dans des forêts primaires, n’est que simple coïncidence ou pure fiction.