Par monts et par vaux, ici et maintenant mais naguère souvent aussi.
Mimétisme. Combien savent que l’araignée crabe se fond dans son milieu ambiant pour mieux chasser ? Il en existe de différentes couleurs. Combien vont confondre cette abeille charbonnière avec une grosse mouche noire ? Bien camouflée dans la fleur de jasmin, l’araignée attendait son repas. « Il n’y a de science que du caché » disait mon ami G. Bachelard. (Cliquer sur la photo)
Si j’étais ministre de l’Education Nationale, parce que c’est plus facile de réformer dans sa tête qu’à la tête d’une institution, je ne réformerais pas grand-chose. Pas de grande révolution en vue, ça n’a jamais marché et ça ne peut pas marcher. Les grands Manie-Tout et grands Remanie-Tout, ministres de passage, n’ont pas arrêté de se faire les cornes comme refaire celles du totem Ecole aux couleurs politiques du moment. Cheyennes et Comanches des plaines centrales cherchent à déjouer les ruses des Sioux… Ça va, ça vient et ça ne reste jamais.
Mes meilleurs maîtres du primaire puis du CGE pratiquèrent dans les grandes lignes ainsi que vous le décrivez. J’ai l’habitude de dire qu’ils nous auraient fait grimper aux arbres, tant ils savaient lier notre vie à des thèmes scolaires.
Nous avons apporté à l’école des poissons du ru voisin, des ossements tirés du tas de décombres derrière le cimetière, des nids de guêpes abandonnés, des lapins à disséquer, des tranches de bois de la scierie, des pierres et fossiles des chemins de chez nous et des vacances, des fruits et légumes chapardés au compotier ou au verger, des vieux bouquins et revues dénichés au grenier … Nous avons fait des rédactions traitant du village et de ses événements, chanté Jeanne d’arc qui séjourna chez nous avant d’être prise à Compiègne, alimenté nos jeux des personnages historiques. Nous étions fiers de compter la monnaie chez les nombreux commerçants amusés, vérifié d’un œil le fléau de leur balance, compté les sacs de patates et d’épis glanés après les moissons. Vie scolaire et « vie civile » étaient mêlées. L’école nous accompagnait vers l’autonomie d’adulte et comme nous étions avides d’être des grands, nous étions mobilisés.
Aujourd’hui on court après des programmes taillés pour préparer l’entrée en grandes écoles via les classes prépas. Encyclopédie et ésotérisme d’agrégé. La ville est aseptisée et anonyme. Les enfants ne participent plus aux travaux collectifs qui créaient un lien immédiat, tangible et mobilisateur entre le savoir et l’être, valorisaient toutes les compétences.
Alors c’est vrai que vivre l’œil sur le rétroviseur ne fait pas vraiment avancer plus et mieux. C’est vrai que déjà il y avait des « classes de fin d’étude » pour les éclopés de l’apprentissage, basculés dans la rébellion ou l’abandon par trop d’échecs.
Pourtant l’essentiel de notre génération trouva à s’intégrer à l’âge du travail d’adulte. Nous disposions à cet effet du minimum minimorum nécessaire : lire écrire et compter.
Comme vous le dites : « Le reste suivit ». Pour ceux qui le voulurent et qui n’avaient pas trop de handicaps.
C’est vrai encore qu’aujourd’hui nos « élites économiques » investissent à Panama Jersey et Singapour, ce qui ne facilite pas l’intégration par le travail, que l’on soit diplômé ou non.
Ah Simon. On peut vraiment se sentir faibles et inquiets face à ces défis.
Au moins peut-on encore en parler librement. On va faire avec.
A vous relire.
Bonsoir Gaëtan.
« On peut vraiment se sentir faibles et inquiets face à ces défis », il nous reste le rêve comme celui qui vient de passer pour garder quelque espoir.
J’ai bien d’autres rêves à raconter… Merci Gaëtan.