Pieuvres.

Qu’est-ce qui ne va plus ?
Je suis allé à la ville et je crois que j’ai compris.

Ce qui ne va plus c’est que l’individu a perdu la boussole de l’autre.
L’autre n’existe plus sous ses yeux et dans le même mouvement lui même n’existe plus, non plus.
Il n’a pas conscience qu’à proximité immédiate, d’autres vivent aussi.
Il est enfermé dans sa bulle, il ne pense plus, il déballe, il déblatère, il a raison.
Il a raison sur tout et jamais ne se questionne, il est fier de lui.

Je descendais le trottoir de la ville, une dame d’une cinquantaine d’années était plantée au beau milieu du passage, les bras déployés.
Elle gesticulait, visiblement excédée, de sorte que personne ne pouvait passer.
Elle téléphonait, les uns se plaquaient contre le mur pour se frayer un passage, les autres en sens inverse, machinalement passaient sur la route où la circulation automobile était dense.
Je me suis arrêté pour voir la suite, bien garé contre la paroi de l’immeuble, vous imaginez.
La dame seule au monde, ne voyait personne et chacun la contournait trouvant son attitude normale, je présume.
On est en ville pardi ! Je venais du rural, ici on pense et on vit différemment.

Quelques mètres plus bas, un groupe de jeunes adultes s’était formé au milieu du trottoir. Ça riait fort, ça gesticulait et ça disait beaucoup. Mais que disaient-ils ?
Des choses trop sérieuses pour se ranger et faire place à ces passants qui circulaient de profil pour se faufiler dans le maigre espace laissé sur un côté. Certains disaient « pardon ! ».
Pardon ? Ils n’en avaient cure et pourquoi donc se seraient-ils interrogés ?

Il en était ainsi tout le long du parcours, on est à la ville, tout d’même !

Aller du village à la ville est une hérésie, c’est stupide et ça engendre des idées bizarres, des idées farfelues et fausses de surcroît.

Il me semblait, en remarquant cet épisode banal, avoir compris pourquoi les choses vont si mal.

Quand on ne calcule pas l’autre comment voulez-vous remplir les urnes de bon sens !

Ah, vous vous questionnez sur l’image en titre ? Elle est hors sujet ?
Mais non, « pieuvre » c’est bien la preuve que ce monde est devenu fou.
Piombu ! dit-on chez nous.

Vous voulez d’autres preuves ? D’ autres pieuvres, je veux dire, en voilà :

Cet arbre aux racines tentaculaires s’appelle Belombra ou Phytolacca dioica ou encore le Raisinier dioïque.
Eh ben dit donc !
Un crocodile, caché dans les tentacules, me menace, il est temps de déguerpir !

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