Et l’eau sourdait de la montagne…

Je n’imaginais pas que ce hameau à flanc de colline était endormi.
De loin, une fumée un peu faiblarde s’élevait dans le ciel nuageux, j’avais l’impression qu’une vie tranquille s’étirait là, en retrait du monde turbulent.
Pas un bruit, pas signe de vie, à part cette fumée qui, pourtant, trahissait une présence humaine.
Un vieux tronc d’arbre finissait de se consumer au pied d’une muraille, sans doute quelqu’un était passé la veille pour le brûler et s’en était allé laissant à la nuit le soin de finir la combustion.

Je parcourais le chemin tranquille à petits pas, le regard en alerte espérant une rencontre.
Rien, pas d’âme qui vive, que des signes de vie intermittente.
L’eau sourdait de la montagne et s’égaillait dans la nature au hasard des rigoles puis se perdait à travers maquis.
Une fougère encore tendre s’élevait le long d’un piquet, hésitant à déployer des feuilles encore recroquevillées, offrant un décor verdet tout en spirales, comme si un mystérieux artiste sauvage s’essayait aux frises domestiques. Tout, ici, respirait le sauvage civilisé, le civilisé ensauvagé, il était impossible de choisir sa description.

La végétation s’était réveillée dans un environnement hésitant, l’hiver et le printemps se chamaillaient pour occuper le décor bucolique.
Les fleurs, pourtant abondantes sur les cerisiers, formaient un pompon blanc très joyeux, mollement reprenaient le pouvoir.
Dans ce coin désert où l’humain semblait parti vivre les jours mauvais à la ville, les traces hivernales hésitaient à s’effacer.
Deux saisons cohabitaient encore.

La nature préparait en silence le retour des habitants du hameau.
Bientôt les activités humaines s’agiteront jusqu’à la fin de l’automne dans cet endroit perdu dont j’ignore encore le nom.
En mon for intérieur, dans un élan poétique, je le désignais secrètement :
« L’endroit où une résurgence sourdait de la montagne ».

Une résurgence qui sème la vie sur son passage, indifférente à la présence humaine…

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