Le joyeux blues d’un cancre.
Nul ! Longtemps ce fut le qualificatif de mes dictées.
Je ne peux pas dire que je souffrais, j’étais devenu insensible, habitué à l’exercice raté.
C’était mon lot, mon trophée : Champion toute catégorie de la faute d’orthographe.
Il suffisait de quelques lignes, parfois du titre, s’il était un peu long, pour signer mon acte de déficient orthographique.
Les accents, pas toujours graves, souvent aigus, quelques fois circonflexes, rarement trémas m’arrachaient des bribes de points au passage. Lorsque ce n’étaient les o, au, eau, aud, aut, c’étaient les h, les ph qui me disqualifiaient définitivement pour ce coup-ci.
Un accord sournois passait en catimini, puis un autre, tapi au bout d’une phrase après s’être éloigné derrière une virgule de son vocable chef du groupe, passait incognito.
Tous se jouaient de moi, me tapaient sur le système afin que je capitule et me résigne, de guerre lasse.
Non, je ne souffrais pas, j’étais stoïque, je savais et m’en accommodais. Un prof me disait tu seras toujours nul en français.
Il avait raison, mon état d’alors n’était point encourageant et puisqu’il fallait se projeter dans l’avenir pour savoir ce que l’on fera de moi, je baissais la tête pour mieux affirmer mon infirmité scolaire. Mon futur s’annonçait peu réjouissant. Je ferai comme mon père, en pauvre Martin, pauvre misère, j’irai bêcher le champ des autres toujours bêchant, toujours bêchant… La bêche fait vivre aussi.
Je ne cherchais même plus à comprendre, c’était trop, trop de choses à la fois tant j’avais pris de retard par rapport à l’écolier de mon âge.
Parfois, je rêvais.
A la fin d’une dictée, c’était toujours la même scène. Sur une petite table dont les pieds étaient fignolés en 20, le maître ou la maîtresse avait pondu un œuf tout chaud. Zéro !
Ce n’était jamais un œuf de Pâques bariolé de jolies frises colorées, c’était un œuf à la coquille livide d’une page blanche de cahier.
Je rêvais parfois, d’une bougie, puis d’une autre et de plusieurs qui s’approchassent de mon âge lorsque j’avais 10 ans. Dix sur vingt, c’eut été le pompon, le seul possible que je visais.
Hélas, les œufs s’empilaient et m’offraient une couvée stérile, aucun poussin joyeux n’en sortit.
Pioupiou ! En vain, jamais je n’entendis les pépiements joyeux d’une basse-cour qui se peuple au cœur du printemps.
Pourtant, un jour j’entendis le doux piaillement d’une naissance.
Nul et zéro me poursuivirent longtemps, voilà le résultat !
Ils auraient pu vous accorder 1 point ou deux, par encouragement pour votre résilience !
Que cet ânon est mignon !
Dans l’ouvrage, il y aura un texte intitulé « Humanité ».
C’était une fillette dans mon cas qui réclamait un bonne note, au moins une fois, vous verrez comment j’ai répondu à sa demande.
Bonne soirée Gibu.
Cher Simon,
cette fameuse bulle combien de fois l’ai je redouté et combien de fois cherché 😆 le fameux prof : la bulle 👉 dehors .
Bon dimanche P. 🙂