Il faisait un froid de pingouin autour du barrage.
Un vent presque glacial balayait la surface de l’eau, s’engouffrait sous la capuche et me décoiffait.
Le ciel s’assombrissait, s’éclaircissait, de sorte que la luminosité variait sans arrêt sur le plan d’eau et ses rives.
Constamment balloté, secoué, déséquilibré, j’avançais péniblement sur le rivage.
C’était la première fois que je voyais des vagues, ici, comme si j’étais au bord de la mer.
La première fois, aussi, que je prenais des photos en vitesse, de crainte qu’un pin fragilisé par des racines aériennes de mangrove, ne s’abatte lourdement sous la poussée d’un Eole totalement déchainé.
L’air était vif et pinçant, j’avais l’impression qu’on m’avait parachuté en Alaska avant les premières neiges.
Un Alaska mineur mais c’était suffisant pour rêver.
La retenue d’eau présentait un augure bizarre, on aurait dit que des esprits malins rôdaient dans les parages…
Vue, à travers le lac, sur « I teghji lisci » ; eh,oui, le même nom que le site, dans le massif de Bavella, de fameuses voies d’escalade sur lesquelles je me suis « cassé les dents »: j’ai dû tirer sur la dégaine dans une, et j’ai dû mettre le pied sur le spit dans l’autre ( les grimpeurs comprendront).