Ce matin, ce fut une évidence.
Ces tomates à peine un peu plus grosses que la variété cerise semblent à maturité si on en juge par une pression des doigts. Elles devraient arborer le plus bel azur à ce stade, or, elles sont toutes noires désespérément couleur de jais.
Que se passe-t-il ? La tomate bleue issue d’un croisement classique entre une variété sauvage du Pérou et un hybride nord-américain, n’a rien à voir avec une manipulation génétique (OGM). . Elle est le résultat d’une longue recherche à l’Université d’Etat de l’Oregon. Elle devrait afficher sur sa peau le ciel bleu ensoleillé qui fait rougir les autres variétés. Elle passe normalement du vert au bleu céruléen plus ou moins intense. Celles de mon jardin ont viré au noir. Les plus grosses, les plus avancées prennent la couleur du crépuscule et du soleil couchant à travers des nuages sombres. Le noir et l’orange dominent. Peut-être faut-il attendre encore ? Je reste patient… Assisterai-je au miracle ? Ce n’est pas certain. Les plantes souffrent, elles n’iront pas plus avant. Cette année de canicule, de fortes pluies en début d’été puis de rosées matinales, a nettement favorisé l’apparition du mildiou. Une maladie cryptogamique* très virulente en ce mois de juillet. Les plants sont comme brulés au troisième degré, les fruits si prometteurs se laissent envahir par la pourriture. Même la nécrose apicale aussi nommée « cul noir » n’a pas son évolution habituelle. Elle est beaucoup plus rapide dans son œuvre rendant les fruits très gélatineux. Une carence en calcium favorisée par des arrosages mal équilibrés par ces fortes chaleurs. Comme disait un de mes oncles toujours à l’affût d’un bon mot : « On n’est pas certain de pouvoir sauver les tuteurs cette fois-ci ». C’est dire si l’attaque est sévère…
On m’avait confié cinq graines de tomate bleue, je me faisais une joie de découvrir cette curiosité, de goûter puis d’admirer l’effet visuel d’une salade aux couleurs inhabituelles. Je crois bien que c’est fichu pour cette année. Je retenterai l’expérience l’année prochaine pour vérifier si la tomate bleue est bien bleue comme un ciel d’azur.
Finalement, j’ai la quasi-certitude qu’il s’est agi d’une erreur au moment de la mise en sachet. Il existe aussi une tomate noire qui a subi le même processus d’hybridation que la bleue et c’est celle-ci qui m’a été transmise par erreur.
Paul Eluard, auroral en ce début de semaine, m’accompagnait au jardin. Il s’est écrié en passant devant un pied de solanacée: « Tiens ! Ta tomate est bleue comme une orange ! » Réactif à l’air frais du matin, j’ai enchaîné : « Elle aurait dû être bleue comme la mer Noire ». Il a souri, nous n’étions plus dans le surréalisme mais bien dans l’évidence.
*Ou maladie fongique (champignons)
Crépuscule.
Imitation du brugnon.
Tomate bleue. (Photo internet, anonyme)
Bonjour,
Si ce sont des variétés « bleues » classiques, de type OSU ou P20, alors, ce que vous obtenez là est normal : http://www.fermedesaintemarthe.com/A-14929-tomate-osu-blue-p20-ou-bleue-p20-nt.aspx
OSU, d’ailleurs, si développée par l’université d’Oregon.
La photo avec les tomates bleu vif me semble très douteuse. Ca ressemble furieusement à un hybride de tomate et de photoshop.
Où êtes-vous situé pour avoir tous ces problèmes de mildiou et de nécrose apicale ?
Très belle écriture, sinon.
Merci pour vos infos.
La photo internet me semblait suspecte aussi, d’autant qu’elle n’était pas signée et n’était accompagnée d’aucun commentaire. Comme c’était plutôt joli, je l’ai publiée. Je dois préciser que je dis les choses comme elles me viennent sans véritable souci scientifique. J’ai eu mon heure d’approche plus sérieuse, je me lâche aujourd’hui dans une écriture plus vagabonde… Je ne renouvellerai donc pas l’expérience puisque la dénomination « tomate bleue » était la bonne. Vous m’évitez là, le syndrome de la guêpe qui se cogne sans cesse contre la vitre. C’est sympa d’avoir rétabli les choses.
Je me trouve à Lévie et mon jardin est situé sur un flanc de colline. Un jardin sauvage comme moi. Il ne connait pas l’ombre du lever au coucher du soleil. Par ces chaleurs, l’endroit ressemble plus à un désert qu’une oasis et j’ai beaucoup de mal à contrôler les arrosages… de nombreuses personnes du village et des environs semblent connaître les mêmes désagréments.
Encore merci pour votre commentaire. Bonne soirée, Fabien.