Dieu par la négative.

Puisqu’on m’encourage à continuer, voici un texte qui pourrait-être une suite au précédent.
008Au paradis des muscaris, rien n’est gris.
(Toujours cliquer sur les photos. Je ne radote pas, sait-on jamais s’il y a de nouveaux lecteurs.)
Ou l’anti pari de Pascal. Ce philosophe suggérait que l’on a tout à gagner de croire en Dieu. S’il n’existe pas on n’aura rien perdu. Pari absurde si l’on tient compte de la définition d’un Dieu.
Voici son portrait par la négative.
Si Dieu est Tout Puissant et infiniment Bon, il n’a pas besoin de prosélytisme pour exister dans sa tête comme dans celle des humains. Il ne punira personne, seuls les mortels infligent des punitions. Il n’a aucun besoin d’être prié à genou, il n’a aucun besoin de reconnaissance, seuls les faibles sont sensibles à l’adoration. Il n’est pas touché par nos bêtises, il n’y aura pas de jugement dernier. Il est hors du temps, il contient tout, il n’y a donc pour lui ni début ni milieu ni fin. A l’extrême limite, il sait déjà, sans passer par les sondages et les estimations, qui sera président en 2017. Il savait déjà ce que j’écris aujourd’hui, depuis la nuit des temps. Que lui resterait-il à juger ? Des comportements qu’il connaissait avant la vie de chacun ? Le seul critère qui permette d’échapper à l’absurde reste de considérer qu’il fonctionne sur une autre logique que la nôtre. Nous raisonnons, pour la plupart, sur le mode A est A, un chat est un chat, il pourrait fonctionner sur la logique du A est aussi non A. Et là toutes les portes sont ouvertes. Il serait solide et fragile, gentil et méchant, constant et capricieux… jouissant du don d’ubiquité en étant partout à la fois avec des sautes d’humeur permanentes. Un personnage inquiétant capable de faire exploser l’univers dans ses pires colères. Après tout, s’il existe ainsi, c’est bien son affaire, une simple chiquenaude nous enverrait voir ailleurs s’il y est. Dans ce cas de figure, ce ne serait que guerre de tous les instants entre lui et l’humain. On est gêné de penser qu’il n’a que ça à faire. A-t-il des choses à faire ? Et pour couper court, le croyant pose le postulat : Dieu nous a laissé libres… alors qu’il connait notre futur. Dieu est mort disent certains, on ne supprime pas l’éternité. L’éternité n’est probablement qu’une vue de l’esprit mais je n’en sais pas grand-chose non plus.
Voilà comment perdre son temps et son latin dans cette affaire. Vous comprendrez ma seule procrastination perpétuelle, remettre la question à toujours plus tard, plus loin que la saint Glinglin. C’est déjà assez compliqué de vivre simplement, il y a toujours un empêcheur de tourner tout droit. Oui, j’ai bien dit tourner tout droit, c’est qu’il y a de mieux à faire ici-bas. Je tourne, je vire, je fais un clin d’œil à Dieu « Tiens, tu es là toi ? » Il rigole et fait une cabriole. Ça c’est un Dieu sympa avec une paille dans la bouche, couché sur un nuage sans craindre de nous tomber sur la tête. Il sourit, il rit, il presse un cumulonimbus comme une éponge et nous regarde fuir jusqu’à l’abri. Il ne s’ennuie plus, il a verrouillé son côté éternel, il ne veut plus savoir, il préfère jouer à l’Homme avec nous. Ce Dieu là, je l’adore, non pas à genou car il me tirerait les oreilles pour me relever aussitôt mais parce qu’il est profondément humain. J’aime la facétie et lui me serine « Oui, c’est ça, si si, je t’assure fais ceci… »
Au fond tout cela est absurde aussi. Négative comme positive ne sont que séduction de l’esprit humain. Je rejoins le philosophe allemand Jaspers qui affirmait « Quand je parle de Dieu ce n’est pas de Dieu que je parle ». J’ajouterais : Quand je parle de Dieu, je dis des bêtises, forcément. Parler à sa place revient à parler de son histoire personnelle, de son vécu, de ses faiblesses, de ses peurs mais en aucun cas de Dieu car pour cela, il faut s’élever à son niveau et le connaitre assurément.
Un jour j’avais écrit : « Ma rencontre avec Dieu ». Le divin m’avait donné rendez-vous sur un rocher à l’écart de toute habitation. Je m’en souviens, il avait le visage glabre, était habillé de blanc, ceux qui le décrivent avec une barbe avaient tout faux. J’étais assis à côté de lui, il me disait « Je sais que tu t’interroges, vas-y pose moi toutes les questions que tu veux et j’y répondrai. » Je l’avais bombardé de questions idiotes comme on sait en poser ici-bas, il a répondu à toutes me donnant raison très souvent. Puis dans la moiteur de la nuit, un moustique m’a piqué pour me sortir de mon rêve. Je l’ai écrasé avec une claque sur ma cuisse crucifiant l’empêcheur de rêver en rond sans cauchemarder. Trop tard, hélas ! Mille fois hélas ! Pour une fois que j’étais invité par le divin, un simple culicidé* m’avait renvoyé sur terre illico presto. Sans doute un moustique tigre en passe de supplanter les cousins plus inoffensifs. Avec eux aussi on n’échappe pas à l’escalade…
Il ne me reste plus qu’à rêver d’être encore une fois renvoyé dans cette vie que j’aime tant… Vous savez, ce jour où pour de bon on me mettra en terre… ça me plairait tellement d’être repêché car j’aurai beaucoup de mal à me hisser jusqu’aux cieux.
*Culicidé=moustique
006 002Muscarisez vous la vie…

 

2 Comments

  1. On se fabrique tous notre Dieu…..ou pas. Je suis la plus croyante des croyantes, comme Astérix je suis tombée dedans quand j’étais petite, et pourtant je ne crois pas en Dieu.
    Mine de rien c’est une sacrée révélation…….même pour moi qui ne l’avais jamais aussi nettement formulé.
    (J’ai adoré l’idée de la chiquenaude).

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