Sur la grand’place de l’église, un homme élancé, silencieux, se tenait droit comme un pylône face au cercueil.
Je n’entendais rien, le son était coupé, la vidéo se déroulait au rythme des funérailles.
Un léger mouvement sur la droite, puis sur la gauche, un balancement presque aérien, des pas de danse souples, parfois un peu saccadés…
Je ne m’y attendais pas, je fus frappé par une grande émotion, j’étais bloqué devant ces images qui défilaient sous mes yeux.
Une vie heureuse, sans doute, deux êtres s’aimaient et dansaient pour envoler leur vie.
L’homme tourbillonnait seul aux bras de sa compagne disparue tragiquement, elle le portait, il la portait dans le rythme d’une vie sans musique. Je ne voyais que ces âmes dans un seul corps qui ondoyaient face à face dans le tourbillon de leur temps joyeux. Le couple, dans un dernier élan, une dernière envolée avant le silence, portait le chant du vivre aux yeux du monde qui dérive en oubliant de danser…
J’étais coi, assailli par l’effet de surprise incapable de faire sauter l’étouffoir bloqué au fond de ma gorge, le regard perdu dans les images de mon récit « Le jour de mes funérailles ».
Emportés par un autre arrachement ou par le geste d’une amitié perdue, des couples s’élancèrent sur la piste dans un même mouvement. L’homme était bercé par la vague dansante, je ne voyais que lui, omniprésent, tanguant sur les flots…
Il était convoyé vers l’horizon, demain il sera seul tendant sa main vers l’inconnu, sur un autre rivage…
Et puis, les hommes diront « La vie continue ».
Texte étrange et poignant…
Mais pourquoi pas, les Mexicains font la fête pour honorer leurs morts.
Oui, pourquoi pas ?
Bon dimanche Al ! 🙂