La vitesse avec laquelle l’info est véhiculée n’échappe pas aux habituels effets pervers qui accompagnent la fuite en avant des médias.
Pour être à la pointe de l’information mieux vaut l’inventer. Les rédactions rivalisent d’anticipations en tentant les pronostics les plus osés. Chacune y va de sa composition du gouvernement à venir, capte tous les bruits de couloirs et ragots des copains de copains censés être mieux informés que les autres. Le tout, joué avec le plus grand sérieux et la certitude soutenue par la logique la plus implacable. Pris dans leur jeu, les journalistes ne savent même plus ce que sont le doute et le recul… l’attente, n’en parlons pas.
Ainsi, si vous passez d’une chaîne à l’autre, vous prendrez connaissance du futur gouvernement avant l’heure. Il est normalement prévisible que cette annonce hasardeuse comportera de nombreuses erreurs. Un pronostic reste un pronostic et donc, rien d’étonnant qu’on se plante. Et savez-vous ce qu’il advient ?
Le lendemain la presse titre : « Erreurs de pronostics des chaînes infos ».
Et savez-vous ce qu’ils enchaînent ?
Après la passation des ministères : « Ce que vont devenir les anciens ministres »
C’est reparti de plus belle, on continue à devancer l’évènement, on n’a plus le temps d’attendre, on consomme à la seconde et tant pis si ce sont des paroles en l’air.
Les chaînes d’infos rapides à consommer sur le pouce, en se léchant les doigts pour une boulimie de vraies fausses nouvelles, entraînent les accros du « tout savoir avant l’heure » dans le cercle vicieux, très vicieux du serpent qui se mord la queue.
Se mentir sans mentir puis démentir est devenu un jeu à la mode.