Viser le paradis.

Généralement, pour bien viser, il faut fermer un œil. Ce dernier ne sert plus à rien, tout au plus, se met-il en état de cécité pour donner un peu plus d’acuité à celui qui fixe la cible. Ce n’est jamais la garantie de taper dans le mille car la vie est remplie de pièges, de fragilités, de maladresses, de ratages en tous genres. De réussites et de satisfactions aussi.

Cibler le Paradis est-ce bien raisonnable ?
La vie d’ici-bas ne serait-elle qu’examen de passage perpétuel pour décrocher le bonheur de fréquenter définitivement l’Eden ?
Un endroit de longues promenades, rempli d’âmes baignant dans la béatitude sans aucun contraste, sans aucun repère contrariant ?
L’éternité à ne plus savoir ce qu’est une broussaille, à quoi bon ?
Une autre dimension ?

Le paradis doit être très peu fréquenté s’il faut y parvenir sans péché dans sa besace. Sans doute est-il peuplé de bébés partis très tôt sans avoir connu les travers de la vie et grandiront là-bas pleins de grâce. Hélas, on ne grandit pas dans l’éternité, l’éternité est hors du temps, les repères disparaissent et les images aussi, elles n’ont plus de sens.
A quoi sert une image sans la notion de temps ?
A quoi sert le vivre lorsque le temps n’a plus d’issue ?
L’éternel ne s’arrête jamais, il n’a ni origine ni fin. le perpétuel s’achève un jour.

Que sais-je et qui sait ?
Voilà bien un domaine où nous sommes tous à égalité de non-savoir.
Le « croire » et le « non-croire » sont l’exsudat d’une ignorance inflammatoire.
Entre les deux, une escarpolette se balance. Un mouvement oscillatoire apaisant comme on berce un enfant qui s’endort dans un rêve tranquille.
Entre le Nord et le Sud, l’Est et l’Ouest, tous les autres horizons, le doute installe sa balançoire qui frôle le « oui » puis file vers le « non » pour le fuir aussitôt, qui va et qui vient. 
Au gré du vivre, l’espoir puis le doute ou le désespoir.
Celui qui doute, dont je suis, s’amuse avec le temps en espérant qu’un jour, il saura. Conscient que cet espoir est fou et le dépasse, il déroule sa vie sans viser les étoiles…
Un épicurien agnostique cherche à comprendre sa vie, un embarras qui suffit à son quotidien.
Un accessible perpétuellement inaccessible, le promène sur le chemin qui file vers l’incertain.
Il vit.
Pour tout le reste, la parole est au divin.
La prendra-t-il un jour ?
Le doute est permis, il est d’un autre univers infiniment inabordable, que chacun peut imaginer sans jamais l’approcher. 

L’éternité et le néant semblent se confondre…
Libre à chacun de rêver.
Comme tout être pensant, j’ignore de quoi je parle et je n’espère rien.

Je ferai le grand saut dans l’oubli.
Je ne sais pas viser,
Tout juste rêver,
Je n’irai pas au Paradis.
Sans doute.

Fleurs de la passion (Passiflore)
Image obtenue par transformations aléatoires jusqu’à percer le secret de la Passion.

4 Comments

  1. Nous en sommes tous à nous poser les mêmes questions, mais il y a ceux comme vous qui font rentrer de la poésie et du rêve et c’est bien plus agréable comme ça 🙂

    1. Oui Al, je m’amuse, la preuve, le prochain qui vient d’être publié, écrit en quelques minutes après avoir regardé une photo.
      Bonne journée, je repars à la chasse cet après midi. 🙂

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