Sans doute moins connu que le lapsus linguae et l’acte manqué, le lapsus calami n’est plus certain d’être un lapsus. (Calami = à l’écrit)
Lorsque nous rédigions à la plume, l’écriture suivait la pensée et produisait parfois le basculement d’un mot vers un autre. La certitude du lapsus n’était pas avérée pour autant car il pouvait s’agir simplement d’un problème d’orthographe. Ecrire la jante féminine pour gente féminine n’est aucunement la preuve d’un lapsus calami même et surtout lorsqu’on est amateur de courses cyclistes ou de vélo en général. Faut creuser et ne pas se prononcer à la légère.
Aujourd’hui le clavier est omniprésent.
Dans la précipitation, il n’est pas rare de taper sur une lettre voisine.
Avec l’âge, le geste est moins sûr, la vue baisse, choper la touche d’à côté devient immanquable.
Le plus souvent, on identifie facilement une faute de frappe car le mot produit n’induit rien de cocasse ou de pervers, cela passe inaperçu, c’est à dire sur le compte d’une faute ordinaire totalement innocente. Ainsi, frute pour frite n’a aucun sens possible et donc n’éveille aucun soupçon. Rien d’original le i et le u sont lettres de même palier, elles habitent au même étage sur le clavier. Dans la hâte ou l’amplitude du geste déclinant, il est facile de taper à côté.
On a donc baptisé ce genre de maladresse lapsus clavis (clavier) en le définissant « faute de frappe ».
Abusif ! A mon sens, clavis fourchis (fourcher sur son clavier) eut été mieux adapté sans connotation « lapsussiale » prétendument psychologique. Rien à voir !
Ce matin, j’écrivais à une inconnue. Je me suis arrêté net lorsqu’en me relisant, je découvre fouteuse pour douteuse. La faute serait passée inaperçue si le message ne s’adressait à une femme. C’est le contexte qui induit le lapsus calami et trop souvent on croit au lapsus parce que le contexte semble l’induire. On n’est jamais certain. Gare, tout de même, si dans le même message vous écrivez frotte pour grotte. Là, vous commencez à vous poser des questions.
Et je m’en pose volontiers : il est grand temps que j’aille consulter un ophtalmologiste, ma vue n’est plus ce qu’elle était. Les lettres commencent à danser dans une brume légère. C’est sans doute amusant de rencontrer ce genre des mots inattendus, inventés par maladresse et qui s’adaptent parfaitement au contexte. Cela me fait sourire, d’autres seraient passés sans rien relever.
Il est également grand temps que j’adopte une position correcte, plus académique, moins contorsionnée devant mon clavier car c’est en se tenant de traviole que tout va de guingois.
Vieillir n’arrange rien à l’affaire, il faut s’y faire…
Le lapsus calami n’a jamais été aussi incertain dans son fondement depuis que l’on joue du piano, délaissant le stylo pour écrire quelques mots.
Voici quelques exemples inventés de clavis fourchis, qui ressemblent à s’y méprendre à des lapsus calamis.
Ce grain de beauté, si bien placé, était plutôt tare. (rare)
Il était couché au nord du lit. (bord)
Sa valise était introuvable, restée dans l’avion sans soute. (doute)
Toujours triste depuis quelques jours, elle s’appelait Mouise. (Louise)
Un petit plouc ! Inaudible mais facile à imaginer, elle éclata comme une nulle. (Bulle)
Cette statue de plâtre était plus craie que nature. (vraie)
Pardon pour cette dernière, la plus facile lorsque l’on a l’esprit tordu et le doigt qui fourche sur le clavier :
Assise à côté du poulailler, depuis un bon moment déjà, elle caressait la moule. (poule)
Un p’tit coucou des hiboux :


😉
Les zhiboux eux ne font pas de lapsus, ils disent bien ce qu’ils veulent avec pertinence et impertinence 🙂
J’aime beaucoup !
Je suis amusé, et voilà ! ;-=
Alors là, c’est parfait ! Je vous jure que je ne l’ai pas fait exprès, j’ai tapé à côté de la parenthèse, le signe égal.
Vous voyez c’est signe de vue déclinante et non de lapsus, lapsus comment ? Puisque ce sont des signes.
Bonsoir Simon,
En arrêt de travail, pour une dizaine de jours, je réalise à quel point je me suis laissée distancer depuis longtemps.
Combien de posts quotidiens depuis votre belle île, à la fois si proche et si lointaine : 8, 10 ?..
Trop fatiguée, je vais essayer de finir le post que j’avais commencé, voici une bonne semaine. Le médecin me conseille tout dérivatif à cette souffrance qui, de morale, est devenue physique aussi..
Cependant, je voulais vous remercier de m’avoir fait sourire par vos labsus dont vous devriez pouvoir rendre la paternité aux correcteurs orthographiques qui sont ou mal conçus ou facétieux… les deux à la fois, peut-être ? 😉
Belle soirée Simonu.
Cat
Bonsoir Cat.
Les lapsus sont de mon invention, j’ai cherché un sens minimum.
J’espère pour vous que tous mes comprimés agissent un peu sur votre moral à défaut de vos douleurs.
Demain, il y aura le texte le plus extravagant du siècle, du moins de mon cru. Hélas, au lieu de soulager vos tortures il risque d’aggraver vos souffrances, évitez-le, il s’intitulera « Cogito ».
Vous êtes prévenue ! 😉
Que la nécessité vous soit plus favorable Cat et que tout aille pour le mieux possible, c’est mon souhait.
Bonne soirée 🙂
Merci Simon.
Pas le moindre doute quant à la paternité de ces « friandises littéraires ». Elles font partie du charme de vos écrits. 🙂
A bientôt.
Catherine