Parlotte calami et parlotte linguae

Aujourd’hui c’est relâche, j’ai envie de batifoler un peu. Voulez-vous folâtrer, baguenauder et cabrioler avec moi ? On y va ?

J’adore ! J’adore cette boulimie de mots, je suis comme le boulimique ordinaire devant son frigo mais je ne consomme que des mots. Des mots tout chauds, il me faut ma dose quotidienne de textes comme d’autres réclament leur pain quotidien dans un fervent « Notre Père ». Si ce n’est dans mon blog, c’est dans un quotidien national que je fatigue par mon harcèlement, mais ils aiment bien mes analyses, alors ils m’offrent la « Une », six fois en trois mois ces derniers temps et des dizaines d’autres fois en pages intérieures. Puis je cours les magazines ou l’hebdomadaire Corse-Hebdo qui publie régulièrement mes états d’âme ou plutôt mes coups de gueule sympas…

La parlotte calami ? J’aime parler par écrit. C’est curieux, j’étais un lecteur tardif. Ceux qui me suivent, le savent, j’ai su lire à douze ans et avant de quitter la troisième, un professeur me prédisait : « Tu ne seras jamais bon en français ». Aïe ! Ça fait mal avant d’arriver en seconde cahin-caha. Il avait raison à ce moment-là mais plus l’année suivante, j’ai eu le premier prix de français. Je ne lui en veux pas, au contraire, cela m’amuse beaucoup. D’autant que j’en ai sorti des enfants de la misère dyslexique ou de leur calvaire durant leur apprentissage laborieux … Je connaissais le chemin.

A douze ans, je lisotais dans un univers sans livre ni revue, accompagné par ma tante analphabète comme mon père. Elle se faisait teindre régulièrement les cheveux, je lui écrivais des fables. Je me souviens du corbeau qui voulait se faire colombe en se roulant dans la farine du pauvre meunier pour être tout blanc… et puis dès les premiers coups d’ailes redevenait noir comme le corbeau qu’il était. C’est ainsi que j’interpelais ma tante qui cherchait à changer son apparence. Je venais de découvrir La Fontaine, alors je m’en abreuvais largement pour faire mes premiers pas, par vers et par prose.

Je suis addict donc et ne m’en plains pas. Ce n’est que du plaisir, parfois partagé… alors là, c’est le pied !

La parlotte linguae ? J’ai hésité, c’est une monstruosité, un pur pléonasme : trop parler en parlant, vous imaginez ? Et puis, je me suis dit tant pis, j’y vais quand même en refusant d’écrire « parlotte tout court ». Ce n’est même pas beau à dire ou à lire.

Je vis un peu à l’écart du monde. On me voit très peu au village, certains me le reprochent assez. J’apparais comme ça, sans savoir pourquoi, par surprise et parfois, le premier surpris c’est moi. Il m’est arrivé de rester plus d’une semaine sans parler à personne faute de personnes en face de moi. Alors là, je plains celui qui va faire les frais de la prochaine rencontre. Qu’un villageois ou une connaissance de passage se montre ravi de me voir enfin, et voilà que je m’épanche. Je rattrape le temps perdu. Je saoule, j’épuise, je rétame… La fois suivante, la victime d’un jour rase les murs ou fait un signe pour montrer qu’elle est pressée. Alors, je ris sous cape : « Tu as eu ton compte la dernière fois ! Hein ? » Mais cela reste rare et se limite à ceux qui ont une faible résistance au bavardage. Les autres me disent qu’ils adorent parler avec moi, que je ne dérange ni bavarde… Ils me trouvent intéressant, vous imaginez si j’en suis fier !

Si d’aventure vous me voyez arriver de loin, maintenant que vous êtes au courant, n’ayez pas peur ! Je sais lorsque je dois me taire. Je sais si je peux lancer une conversation légère ou plus approfondie. Je jauge d’abord. J’ai tous mes sens en éveil, normal, j’adore la vie et en explore toutes les parcelles…

Alors ? Êtes-vous comme mes hiboux ? Laissez les dire et douter, je les garde au bout du stylo et j’en fais ce que je veux. J’avais envie de ça aujourd’hui. Voilà, vous avez voulu me suivre, vous êtes servi !

Pas sérieux ?

Trouvez-vous cela abracadabrantesque ? Non, abracadabrantexte seulement, vous savez, ces textes qui surprennent ou qu’on ne comprend pas.

Allez, reposez-vous ! Demain, je vous raconterai une belle histoire car, vous vous en doutez,  je compte bien cultiver ma parlotte calami.

 

 

2 Comments

  1. Que tu fasses revivre Levie tel que nous l’avons conservé dans notre mémoire ou que tu nous permette de faire un bout de chemin avec Toi, chaque fois tu nous enchantes et j’adore cela. Merçi pour tout ce que tu nous apporte. Continue.

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