Durant ma période de faux repos, j’ai eu tout loisir d’observer un curieux personnage qui est également un personnage curieux qui s’ignore.
Son principal trait de caractère le pousse à intervenir dans des situations qui ne le regarde pas et donc fait irruption dans un propos, alors qu’on ne lui a rien demandé.
En toute bonne foi, persuadé qu’il intervient pour la bonne cause, il vous explique, sans aucun recul sur le sujet abordé, que vous vous trompez de A à Z.
La personne sait tout comme Arrias des Caractères de La Bruyère.
Homme attentif aux autres ou femme bienveillante, il ou elle s’occupe de vos « affaires » sans être sollicité et disparaît aussitôt, comme il a surgi. Cette spontanéité dans l’apparition, comme dans la disparition, est son meilleur trait de caractère, sa plus belle originalité.
L’intention est toujours louable, surtout pour lui. Il agit pour le bien de son prochain, même le plus éloigné de son entourage, en éclairant son chemin de ses lumières plutôt blafardes, parfois même, obscures.
A aucun moment, il ne se souciera de l’exactitude de ses propos qui lui paraissent invariablement d’une clarté et d’une justesse absolues.
Généralement, tranquille comme Baptiste, sûr de lui, il ne regrette rien et se montre satisfait de son intervention salvatrice. Il ne culpabilise jamais d’être intervenu dans une discussion sans y être invité. Il ignore la présence de l’autre dont les propos lui servent de nourriture. Il s’en délecte et ne laisse aucune miette dans l’assiette de sorte que vous n’avez plus rien à manger. Devant un tel aplomb vous vous trouvez sans voix et sans appétit pour alimenter un sujet que vous preniez plaisir à développer. En agissant de la sorte vous évitez d’entrer en polémique interminable et stérile, lui donnant le sentiment d’avoir éclairé votre lanterne en vous forçant à l’éteindre.
D’humeur paisible, il n’a rien de l’égotiste imbu de sa personne, en apparaissant comme un Zorro altruiste.
Jamais vous ne l’entendrez dire « Moi je » car il le serine d’une manière étouffée, presque inaudible.
L’espèce prospère sur les réseaux sociaux dont le principal vivier est Facebook. Dans son élément, le personnage s’exprime en toute liberté et se sent légitime car le lien social a fini par inoculer le sens de l’avis indispensable, à partager sans modération.
Il existe des moi-istes qui interviennent sur tous les sujets à force de se croire incontournables. Ils savent tout sur tout. La politique leur est familière, domaine de prédilection, de sorte que si vous les plongez aux affaires, c’est à dire au cœur de la réalité, ils seraient noyés en moins d’une semaine. Vous en feriez, alors, des consciences malheureuses en les privant de paroles qu’ils préfèrent toujours aux actes.
Chaque moi-iste a ceci d’admirable, il avance toujours le cœur sur la main et rien que pour ça, vous n’osez pas le contrarier. Ainsi, survit-il très longtemps.
Jadis limité au buveur d’apéro, confiné autour d’un comptoir de bar, ses propos ne se propageaient pas plus loin que le bout de la rue, aujourd’hui, il fait florès sur les réseaux sociaux, rebondissant aux quatre galbes du globe bleu.
Comme le réchauffement climatique, il fait partie des phénomènes en voie d’évolution et d’installation pérenne. Il fleurit toute l’année avec une accalmie en période estivale, la chaleur, la plage, la mer et le farniente l’assoupissent un peu.
Après cette période de dormance, il reviendra avec plus de vitalité à la rentrée de septembre. C’est à ce moment qu’il est plus actif et plus virulent, totalement ressourcé, prêt refaire un monde.
C’est lui qui a inventé l’expression : Tout tremble et rien ne bouge !
Beau billet d’humeur, énergique sans être méchant 🙂
Les réseaux sociaux seront la plaie de ce siècle, dommage, ils auraient pu être une formidable chance de partage et d’ouverture sur le monde. L’homme n’est jamais à la hauteur de ses propres découvertes.
J’adore les deux images!
Bonsoir Al, oui, l’homme choisit souvent les chemins de traverse pour laisser cours à ses mauvais penchants…
Les moi-istes sont légion en ce moment…
Heureusement, mes fleurs, que je torture sans vergogne, m’apportent un autre plaisir.
Bonne soirée 🙂
Bonjour Simon. Ravie de pouvoir vous lire de nouveau.
J’aime beaucoup cette analyse de ces sans gêne. J’avoue qu’elle m’a fait sourire.
Bonne soirée 🙂
Bonsoir Gyslaine,
Je vais essayer de me replonger dans l’écriture spontanée après d’autres préoccupations moins réjouissantes pour moi.
Merci pour vos mots, toujours aussi gentils et agréables à recevoir.
Bonne soirée 🙂
Bonjour Simon oui j’ai cru comprendre à demi-mots vos autres préoccupations. Bonne journée 🙂
Bonjour Gyslaine.
Vous êtes un fin limier ou fine limière, si vous préférez 😉
Oui, c’est bien ça, chère Gyslaine, on m’a sollicité fortement et j’ai fini par céder.
Rien n’est encore sûr.
Bon mardi. 🙂