On ne vous dit pas tout.

En écrivant le texte « Médecine », induit par un dialogue qui a réellement existé, je ne vous ai pas tout dit. J’ai juste amorcé la discussion sans préciser que cette dernière s’est un peu prolongée.

J’aime bien m’amuser, même tout seul.
Il n’y avait personne d’autre ce jour de grand débat et devant l’absurde de la tournure des choses, il m’arrive de tirer le fil des idées pour voir jusqu’où on peut aller.
Avec le plus grand sérieux, je fais mine de m’intéresser à l’affaire en marquant surtout mon étonnement par des gestes, des mimiques et très peu de mots.
C’est exactement ce que les intervieweurs ne savent pas faire, puisque, trop souvent, la question contient la réponse qu’ils aimeraient entendre.
Or, le but du jeu serait plutôt de laisser parler l’autre, de l’inciter à aller au bout de sa pensée sans chercher à orienter ses réponses.

Nous étions en train de parler médecine, évidemment, et mon interlocuteur me fit part de l’admiration qu’il portait à son nouveau toubib à qui il avait demandé quel était son vrai statut.

Voici donc, à peu près, quelle fut la teneur de notre dialogue.

  • Dis moi, qu’est-ce qu’il est ton médecin ?
  • Comment ça qu’est-ce qu’il est ? Je ne comprends pas.
  • Est-ce qu’il est pédiatre, oto-rhino…
  • ???
  • Ben, le mien, il est généraliste. Je lui ai demandé, il m’a répondu généraliste ! Tu te rends compte ? Il est calé le mec !
  • Oh !
  • Oui, généraliste ! Et lui ne plaisante pas, il me fait faire beaucoup d’analyses et pas que des analyses d’urine, même de sang ! (Avant, il ne voyait que rarement un médecin et n’avait pas de toubib référent)
  • A ce point ?
  • Avec lui, c’est formidable. Tout de suite, il a vu que j’avais du diabète et m’a même donné un traitement pour le cholestérol.
  • Le cholestérol, c’est quoi ?
  • Je sais pas mais, il parait que c’est mauvais pour le cœur.
  • La vache !
  • Je dois faire attention à ce que je mange.
  • Et tu fais quoi ?
  • Là, je suis en vacances, je me lâche un peu mais au retour, je reprends les bonnes habitudes.
  • Les mauvaises c’est en vacances alors ?
  • Ben, je vais pas me priver toute la vie, là c’est le grand air, un coup à boire en plus c’est pas grave ça re… comment tu dis toi, d’habitude ?
  • Ça requincle. 😉 c’est mieux que ça requinque.
  • Oui, c’est ça, tu me l’as déjà dit, je n’avais pas retenu, tu vas toujours chercher des mots compliqués. 🙂
  • Tu as raison, te laisse pas faire, te laisse pas aller, je veux dire, il faut vivre un peu tout de même !
    Et avant, donc, ton autre médecin n’avait rien vu venir ?
  • Je n’allais presque jamais chez le médecin, je suis tombé sur le bon, tout de suite, j’ai eu de la chance et c’est un généraliste en plus !
  • Que Dieu le bénisse ! Et toi aussi !

Des discussions de cette veine, j’en ai eu quelques unes. Des hernies diatales pour hiatales, des ulcères qui font des petits, des rhinophagites… et à chaque fois sans savoir exactement de quoi retourne leur pathologie.
Une vague idée seulement, en désignant l’endroit où ça se situe.

Tiens, il me vient une anecdote, une vieille anecdote que les anciens racontaient le soir à la veillée.
Une dame se plaignait de douleurs mal placées et n’osait pas le faire savoir, son mari parlait de saignements au cul – pardon de le dire ainsi, c’était dans le récit – ce qui impressionnait beaucoup le petit monde devant la cheminée. Son fils lui avait fait les gros yeux : « On dit anus papa ! »
Les voilà en consultation père, mère et fils. Maman ne dit rien c’est papa qui explique en tournant autour du pot, c’est le cas de le dire.
Ne se souvenant plus du mot prononcé par son fils, il se tourna vers lui et lui demanda :

  • Comment s’appelle le cul de ta mère déjà ?

Bon ! C’était une histoire qui courait les veillées, on ignore quelle est la part du vrai.

Lorsque je m’amuse seul en poussant l’autre à poursuivre son raisonnement, ce n’est pas de la méchanceté puisqu’il n’y a personne pour rire.
Aujourd’hui, oui, je viens de vous mettre au parfum. Je vous ai tout dit. Ah ! Le vilain !
Non, non, c’est une vielle histoire, il y a prescription !

Mais vous savez quoi ? Cette personne s’en fiche royalement, pourvu que je la bombarde de mimiques pour prolonger son discours et la voilà aux anges pour un bon moment.

Moralité : Difficile de voir méchanceté lorsque personne n’est présent pour juger. Tant que sensibilité et conscience ne sont percutées ou dérangées, blagounette n’est que simple chansonnette !

Ah bon ! Merci les amis ! 😉

11 Comments

    1. Je le garde de côté et le ressors de temps en temps.
      Et à son soupir, on devine qu’il me fait les gros yeux, malgré toute la sympathie qu’il me porte 😉

  1. Dans le sud, c’est on « magagne » … l’amicale moquerie, c’est un peu peindre un tableau ou faire une scène de théâtre. Sûr aucune méchanceté, aucun jugement … juste de l’humour, du piquant, pour fixer l’anecdote et unir l’auditoire par le sourire.
    Perso, je suis bon public et quoique parfois, souvent, trop sensiblerie, je suis pour « on peut rire de tout », voire « on doit rire de tout » …
    Et pour le final, Ah « mes » hiboux … trio ! Alors, heureuse de les retrouver, je bouboule avec eux « Vive la facétie ! Vive M. Simonu le facétieux ! »

    1. Merci Sylvie, j’ai ri aussi, à votre enthousiasme !
      Vive Sylvie ! Vive les Sylvie ! Enfin, non ?
      Tout va bien, à bientôt ! 🙂

  2. Merci pour tous vos textes.
    Un souvenir se réveille : une mère d’élève qui me disait que « son mari avait mal à son talon de rachid » et que son fils avait des « astres dans la bouche » 😀

    1. Ah ! Vous étiez enseignante aussi 😉
      Ah ces aphtes, pardon ces astres, cela devait réjouir ses papilles !
      Bonne soirée Chatbaladeur 😉 Merci à vous.

      1. Pas enseignante mais secrétaire de direction et dans le bon vieux temps tout le monde passait dans mon bureau (profs et parents) … des souvenirs et des bons moments j’en ai beaucoup
        Maintenant je n’envie pas l’ambiance qui règne au sein de l’EN 😥

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